Technologie: La cyberguerre contre l’extrémisme

Face à un ennemi juré qui se sert de la technologie à grande échelle pour diffuser sa propagande et recruter ses adhérents, la guerre technologique s’avère indispensable d’autant plus que la force militaire n’est plus suffisante.
Consciente de cette réalité, l’administration Obama intensifie les efforts depuis des mois pour explorer les moyens, désormais technologiques, pour relever un défi des plus redoutables.
« Les idéologies ne peuvent être vaincues avec les armes. Elles sont plutôt défaites par de meilleures idées, par une vision plus attrayante et plus probante », avait lancé le président américain, Barack Obama, en septembre dernier devant l’ONU.
Une démarche qui est devenue beaucoup plus pressante à la suite de l’attaque terroriste à Paris en novembre dernier, ayant tué 130 personnes, laquelle a mis en lumière la puissante machine propagandiste des extrémistes sur la Toile.
M. Obama a, depuis, multiplié les sorties en vue de rassurer les citoyens, tout en estimant nécessaire d’apporter des changements rapides à la stratégie américaine pour mieux faire face à la propagande extrémiste.
La dernière mesure en date était l’annonce, vendredi, par le gouvernement américain de la mise en place d’une unité dédiée à la lutte contre la propagande du groupe « Etat islamique » (EI) et d’autres groupes extrémistes sur Internet.
La « Countering Violent Extremism Task Force » aura pour tâche d’intégrer et d’harmoniser les efforts des agences gouvernementales pour prévenir l’extrémisme violent sur le sol américain, selon la Maison Blanche.
En même temps, de hauts responsables de la sécurité aux Etats-Unis se sont rendus vendredi dans la Silicon Valley, en Californie, pour tenir des rencontres avec les géants de l’internet (Facebook, Google, Twitter, YouTube…) en vue d’étudier les moyens de contrer l’utilisation par l’EI des réseaux sociaux.
« Cette rencontre confirme que nous partageons l’objectif d’empêcher les terroristes et le contenu de la terreur diffusé sur Internet », a déclaré la porte-parole de Facebook Melanie Ensign, qui a insisté que le réseau social ne tolère pas les terroristes ni la propagande de la terreur.
Une tâche qui s’annonce toutefois difficile en pratique du fait qu’elle met en cause la confiance des utilisateurs, surtout à la suite des révélations de l’ancien consultant Edward Snowden sur les programmes de surveillance de l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA). Ces révélations ont levé le voile sur l’existence d’une coordination préalable entre certaines compagnies de technologie et les agences de surveillance américaines.
Cette question ne manque pas d’ailleurs de raviver le débat politique et d’alimenter la campagne électorale en vue des prochaines présidentielles. Lors du débat entre les prétendants démocrates tenu le mois dernier dans le New Hampshire, la candidate favorite Hillary Clinton a appelé à mettre en place un projet à même de réunir le gouvernement et les géants de technologie en tant que « partenaires » dans la lutte contre le terrorisme.
Dans une allocution à Minneapolis le 15 décembre dernier, Mme Clinton avait également exhorté le gouvernement, les agences de renseignement et les compagnies de technologie à « œuvrer ensemble en vue d’élaborer une stratégie nationale unifiée pour vaincre l’EI dans le cyberespace ».
La candidate républicaine Carly Fiorina a, de son côté, mis l’accent sur la responsabilité du secteur privé, aux côtés du gouvernement, pour traquer les terroristes et contrer leur machine de propagande.
Sur le plan non-officiel, les pirates informatiques sont de plus en plus nombreux à livrer bataille aux groupes radicaux et à ses sympathisants qui cherchent à diffuser leur propagande et à recruter sur ces réseaux.
Dans ce sens, le collectif de « hackers » des Anonymous a promis, au lendemain des attentats meurtriers de Paris, de lancer une riposte d’envergure contre l’EI. Ses membres ont affirmé avoir déjà fait fermer jusqu’à 6.000 comptes de propagande sur Twitter.
Autant dire qu’une guerre ouverte est livrée aussi bien sur le terrain que sur le cyberespace et dont l’ampleur et les résultats sont difficiles à prédire.