Scandale Fifa: 50.000 dollars par mois “illégalement” pour Figueredo

L’Uruguayen Eugenio Figueredo, ancien vice-président de la Fifa, inculpé pour fraude et blanchiment d’argent dans son pays, percevait 50.000 dollars par mois “illégalement” de la part d’entreprises qui commercialisaient les droits sportifs, selon le compte-rendu de l’audience publié mardi. “Outre son salaire de 40.000 dollars en tant que président de la Conmebol (Confédération sud-américaine de football), il percevait la somme de 50.000 dollars par mois de la part de ces entreprises” en échange de l’attribution des droits TV lors de “tournois de moins de 20 ans, moins de 17 ans”, écrit la juge en charge de l’affaire sur le site internet du ministère de la justice uruguayen. Pour percevoir cet argent, M. Figueredo avait recours à “des stratagèmes et des supercheries”, pour “éviter que de nouvelles entreprises se présentent pour commercialiser les droits sportifs des différentes compétitions”, “au préjudice des clubs uruguayens et des footballeurs professionnels”. Extradé depuis la Suisse où il avait été interpellé en mai, Figueredo est arrivé en Uruguay jeudi. Entendu le jour même par la justice, il a reconnu la corruption au sein de la Conmebol, selon le procureur chargé de l’affaire, Juan Gomez, et a immédiatement été placé en détention. Des charges de fraude et de blanchiment d’argent sont retenues contre lui. Il encourt entre 2 et 15 ans de prison mais, en raison de son âge et de sa santé fragile, il aurait la possibilité d’accomplir sa peine chez lui, sous contrôle judiciaire. Figueredo a été vice-président de la Conmebol de 1993 à 2013, année au cours de laquelle il est devenu président de l’organisation. Il a également dirigé la Fédération uruguayenne de football (AUF) entre 1997 et 2006.
D’autre part, dans le même dossier la justice helvétique a indiqué, mercredi, avoir livré aux autorités américaines “les premiers moyens de preuve” contre des hauts fonctionnaires de la FIFA, inculpés pour corruption et gestion déloyale. “Il s’agit de documents des comptes bancaires sur lesquels des dessous-de-table auraient transité”, indique l’Office fédéral suisse de la justice (OFJ) dans un communiqué. Les documents en question concernent l’octroi de droits de marketing sur des tournois de football organisés en Amérique latine ainsi qu’aux Etats-Unis, précise-t-on de même source. Les autorités américaines avaient sollicité une entraide judiciaire de la Suisse concernant une cinquantaine de comptes dans dix banques helvétiques. Elles ont également demandé que leur soient transmis les dossiers de la procédure pénale ouverte contre des fonctionnaires de haut rang de la Fédération internationale de football, une procédure qui avait été classée en 2010. L’OFJ précise avoir collecté des informations sur une cinquantaine de comptes dans dix établissements bancaires, notant qu’il étudie “les éventuels liens entre ces comptes et les infractions pénales invoquées par les autorités américaines”. Cependant, les noms des banques concernées n’ont pas été divulgués par la justice suisse. Une enquête avait été ouverte il y a des mois aux Etats-Unis sur le rôle de grandes banques, dont Barclays, HSBC, Crédit Suisse et Deutsche Bank, dans le scandale de corruption qui éclabousse la Fifa. Le parquet et le régulateur des services financiers de New York cherchent à savoir si des grandes banques n’ont pas failli dans leurs procédures de contrôle des flux d’argent transitant entre les comptes suspects liés à cette affaire.