Des jihadistes français ont-ils été tués par les frappes françaises en Syrie? Si cette possibilité n’a pas été confirmée par le gouvernement, il semble que des Français étaient visés lors des bombardements menés dans la nuit du 8 au 9 octobre. Le ministère de la Défense a d’ailleurs confirmé la présence probable de Français ou francophones dans le camp d’entraînement ciblé près de Raqa, fief de Daech dans l’est de la Syrie.
Par ailleurs, Le Monde affirme ce samedi 17 octobre que les frappes françaises avaient une cible bien précise. Son nom? Salim Benghalem, qui ne ressort pas pour la première fois puisque cet homme est soupçonné d’avoir été l’un des geôliers des ex-otages français en Syrie (les journalistes Didier François, Nicolas Hénin, Pierre Torrès et Edouard Elias) avec notamment Mehdi Nemmouche, le tireur du Musée juif de Bruxelles.
Liste noire des Etats-Unis
D’après les informations du quotidien du soir, l’opération a été « en grande partie, pensée autour d’un Français, Salim Benghalem, 35 ans, originaire de Cachan (Val-de-Marne), présenté par les services de renseignements comme ‘le responsable de l’accueil des Français et des francophones au sein de l’Etat islamique' ». Pour localiser ce jihadiste recherché « pour des activités terroristes », la France a reçu l’aide du renseignement américain, explique Le Monde.
Par ailleurs, le nom de Salim Benghalem a été inscrit par les Etats-Unis « sur la liste noire des organisations et individus considérés comme les plus dangereux en matière de terrorisme », et les Américains le considèrent, en tant que « bourreau », comme une « figure montante » du groupe jihadiste. Salim Benghalem a-t-il été touché, voire tué dans les frappes? Le gouvernement n’a pas fourni de détail, mais aurait à sa disposition le nombre de morts et l’identité des victimes, selon Le Monde.
Sur son site, le journal ajoute que « cette affaire crée un précédent dans le droit français », puisque « la France savait qui elle allait tuer dans cette frappe », alors que Salim Benghalem est recherché et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il pourrait alors s’agir d’une forme « d’exécution extrajudiciaire », comme celles que pratiquent notamment les Etats-Unis qui ont ainsi tué des responsables d’Al Qaïda ou de l’Etat islamique. Reste à savoir ce qu’il en est sur le plan de la légalité.
Lié au groupe des Buttes-Chaumont
Soupçonné de meurtre et de tentative de meurtre sur fond de règlement de comptes entre bandes rivales, Salim Benghalem avait été condamné en 2007, après cinq ans de détention provisoire, à 11 ans de réclusion et avait été libéré en 2010. Selon une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) citée par Le Monde, Salim Benghalem « ferait actuellement partie de la police islamique de l’Etat islamique et participerait aux exécutions et châtiments corporels administrés aux personnes jugées par leurs soins ».
Il avait été repéré par les services de renseignement comme évoluant dans l’entourage du groupe dit des Buttes-Chaumont qui envoyait des jihadistes en Irak mais n’avait pas été inquiété par la justice. Dans cette affaire, Saïd Kouachi avait été entendu par les enquêteurs, et son frère Chérif condamné à trois ans de prison.
Les enquêteurs ont également établi que Benghalem s’était rendu au Yémen, selon une source proche du dossier. L’un des frères Kouachi, auteurs de l’attaque contre Charlie Hebdo, s’y était également rendu, sans que les services spécialisés ne parviennent à déterminer s’il s’agissait de Chérif ou de Saïd.
AFP