Une partie de la presse tunisienne revient, samedi, sur le cinquième anniversaire du déclenchement, le 17 décembre 2011, de la révolution ayant abouti à une nouvelle ère dans le pays, alors qu’en Algérie, un bon nombre de quotidiens soulignent le passage en force au Parlement de la loi de finances contestée.
« Cinq ans après, le constat est le même. Que ce soit à Sidi Bouzid (berceau de la révolution) ou dans n’importe quelle autre région du pays, l’impression générale qui se dégage laisse filtrer beaucoup de déception et de frustration », considère l’éditorialiste du « Quotidien ».
Et de renchérir: « Le sentiment de frustration est en train de gagner du terrain avec un taux de croissance décourageant, un taux de chômage élevé, un pouvoir d’achat érodé et une stratégie controversée pour lutter contre le terrorisme ».
Seulement, fait-il observer, « il ne faut pas céder au découragement (car) il suffit que les politiciens se sentent « secoués » pour remettre de l’ordre dans la maison et s’identifier aux véritables valeurs et espérances que la Révolution a suscitées ».
Donnant la parole à des experts de divers horizons, « La Presse » a cherché à répondre à la question s’il y a eu révolution ou pas, en exposant « des regards croisés » sur l’événement.
« Le fait que cette chaîne sociale se soit manifestée avec un long souffle -elle a duré un mois- portée par une colère politique, sociale et morale a donné une authentique révolution », assure un constitutionnaliste.
Par contre, un juriste estime « qu’il n’y a jamais eu de révolution, mais c’est un remodelage de la carte régionale par des puissances étrangères », selon la stratégie de « l’effet domino » lancé à partir de la Tunisie.
En conclusion, le journal insiste: « Qu’on soit pour ou contre, la Tunisie ne doit son existence et sa paix qu’à son histoire, ses leaders et son peuple, des avantages qu’il faudra optimiser dans l’esprit de la concorde ».
Après son approbation par la première chambre du Parlement algérien, le projet de loi de finances controversé est passé « comme une lettre à la poste » au Conseil de la Nation, indique « Liberté », notant que les sénateurs de la majorité ont ignoré « le cri d’alerte » de l’opposition sur certaines dispositions considérées dangereuses.
« Le texte est validé tel qu’il a été présenté par l’Exécutif, contrairement aux débats houleux que le même texte a provoqués à l’Assemblée nationale où des scènes de révolte ont émaillé les travaux de plénière du 30 novembre écoulé consacré au vote des articles du projet de loi », relate encore le même journal.
Les sénateurs « ont eu raison de s’interroger sur les raisons du gouvernement de ne pas exclure explicitement les entreprises stratégiques du champ d’action de l’article 66 », relève « Le Quotidien d’Oran », qui note, toutefois, que cela « ne les a pas cependant empêchés de voter la LF ».
Développant « une toute autre vision » sur cet article que celle du gouvernement, le chef du patronat Ali Haddad, affirme être « favorable à l’ouverture du capital de Sonatrach et Sonelgaz et les autres grandes sociétés », fait remarquer le journal, soulignant qu’il s’agit « d’une déclaration lourde de sens et surtout de sous-entendus, dans une conjoncture politique et sociale tendue.
« L’article 66 de la loi de finances 2016 crée de grandes polémiques, mais surtout donne libre cours à des élucubrations, des supputations et dévoile les ambitions des détenteurs de grosses fortunes », résume « Le Quotidien d’Oran ».
Et de poursuivre: « Les inquiétudes du gouvernement face à ‘l’affaissement’ des ressources financières du pays de plus de 40 pc suite à la chute vertigineuse du prix du baril de pétrole et ses conséquences sur celui du gaz laissent, en tout cas, penser que tous les moyens sont bons pour reconstituer les réserves et combler les lourds déficits ».
MAP