L’arrivée au pouvoir des conservateurs en Pologne, les efforts diplomatiques russes pour des négociations inter-syriennes et la décision de la Grèce d’accueillir, avec le soutien de l’UE, davantage de réfugiés, constituent l’essentiel des thèmes traités, mercredi, par la presse de l’Europe de l’Est au côté d’autres sujets à caractère régional ou national.
En Pologne, la victoire des conservateurs continue d’offrir matière à commentaire à la presse qui fait état du changement de la carte politique du pays. L’éditorial du quotidien « Gazeta Wyborcza » (La Gazette électorale) écrit que le vainqueur est déjà en train de rechercher une majorité constitutionnelle, impatient de s’attaquer au principe de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, gage d’équilibre. Le journal ajoute encore que la PO (Plateforme civique, droite libérale), qui vient d’essuyer une défaite cuisante, se retrouve sans leader et sans aucune volonté de se battre, ni stratégie. L’éditorialiste en appelle à un rassemblement des forces démocratiques, de tous ceux qui dans la société civile, les médias indépendants et les partis voudront faire front, s’opposer au régime autoritaire, défendre la démocratie libérale.
Aleksander Smolar, politologue, Président de la Fondation Batory, cité par le journal, tout en reconnaissant que le PiS a été choisi par la moitié de la Pologne, dit avoir peur de son projet d’édifier un Etat anti-libéral et redouter son intention d’isoler le pays au sein de l’Europe. Il en appelle au dialogue avec le PiS et ses électeurs, il croit nécessaire d’établir un programme pour la Pologne. « Ce dont j’ai peur, c’est que le PiS, dans le seul but de réaliser des projets à court terme, gâche pour la Pologne les bonnes années qui viennent » , écrit-il.
« Rzeczpospolita » (Respublica), souligne, de son côté, la défaite spectaculaire du SLD (Alliance de la gauche démocratique) et sa disparition d’un paysage politique où ce parti était présent depuis 25 ans. Le commentateur du journal évoque dans son éditorial « une PO mise KO par le PiS », mais aussi un autre KO, celui de la scène politique polonaise tout entière.
Pour la première fois, explique-t-il, un parti pourra gouverner seul et réaliser son programme sans que rien ne puisse l’en empêcher. Sa thèse est qu’après huit ans de pouvoir, la PO de M. Donald Tusk (l’actuel président du Conseil de l’Europe) quitte la scène « mutilée, désintégrée, privée de leadership ». Il n’exclut pas qu’elle partage un jour le triste sort du SLD.
« Dziennik Gazeta Prawna » (La Gazette Juridique) salue la victoire des conservateurs qui ont su miser sur le changement, proposer de nouveaux visages, présenter une offre sociale intéressante. Le journal écrit que « les Polonais en avaient assez de la stabilité et du développement façon PO » . Il déplore le mauvais score de la gauche et sa disparition de la Diète (parlement), elle qui garantissait un certain équilibre politique. Puis le journal énonce les deux principaux défis géopolitiques auxquels sera confronté le gouvernement du PiS: la crise migratoire et le retour de la Russie sur la scène internationale.
En Turquie, « Daily Sabah » rapporte qu’un tribunal d’Ankara a décidé de désigner un administrateur à la tête du holding Koza Ipek, un groupe d’affaires et de médias d’opposition, accusé de soutenir financièrement et de diffuser la propagande du mouvement de l’érudit Fethullah Gulen .
Suite à une requête formulée par le parquet d’Ankara, la 5ème Cour pénale de la paix de la capitale a nommé un administrateur pour remplacer le conseil de directeurs actuel du conglomérat turc et des sociétés qui lui appartiennent.
La nomination d’un administrateur à quelques jours des élections à la tête de ce groupe, dont les médias (quotidiens Bugun et Milliyet et chaînes TV KanalTurk et Bugun) sont très critiques du gouvernement, a provoqué un tollé en Turquie, écrit « Hurriyet Daily News » .
Cette mesure est une anomalie dans un Etat de droit , ajoute le quotidien citant le chef de file du parti républicain du peuple (CHP, opposition) Kemal Kiliçdaroglu.
« Des décisions pareilles nuisent à notre démocratie et à la réputation du pays. Déclarer un groupe comme l’ennemi et l’attaquer sans retenue est inacceptable », a-t-il indiqué, estimant que le plus grave dans cette décision est la nomination de gestionnaires proches du Parti de la Justice et du Développement (AKP, au pouvoir) .
« Nous allons lutter contre ces pressions (visant les médias) tous ensemble. Nous ne renoncerons pas », estime, de son côté, le quotidien « Cumhuriyet » , qui souligne que cette mesure, qui n’est soutenue par aucune décision de justice puisque basée uniquement sur une requête du procureur, était inacceptable.
La police anti-émeute a dû faire usage du gaz lacrymogène pour disperser la foule de manifestants venue exprimer son soutien devant les sièges des journaux du groupe à Istanbul, rapporte « Today’s Zaman » .
La mise sous tutelle de l’un des principaux groupes de presse turcs (troisième du pays) à quelques jours des élections législatives cruciales est la dernière tentative du pouvoir turc de domestiquer la presse indépendante, assure le journal « Zaman ».
En Russie, le journal « Komsomolskaya Pravda » indique que la Russie poursuit ses conciliabules avec l’Egypte en vue de parvenir à la formation d’une délégation représentant le plus largement possible l’opposition syrienne pour entamer des négociations avec Damas.
Citant les propos du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le journal ajoute que les contacts entre la Russie et l’Egypte visent à mutualiser les efforts pour convaincre l’opposition syrienne modérée de la nécessité de reprendre le dialogue avec le régime en place. A ce propos, M. Lavrov s’est dit optimiste quant à l’issue heureuse de ses contacts et pourparlers, écrit le journal.
Pour sa part, le quotidien « Kommersant » évoque la rencontre qui a eu lieu mardi à Paris entre les principaux partenaires engagés avec la France dans le règlement de la crise syrienne, en l’occurrence, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, la Jordanie, le Qatar, la Turquie, l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Italie et le Royaume-Uni.
Citant une déclaration du ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, le journal souligne que ces échanges de vue au niveau de la diplomatie internationale visent à élargir le champ des discussions sur la crise syrienne entamées la semaine dernière à Vienne en présence des chefs de la diplomatie américaine, russe, saoudienne, turque et jordanienne.
Sur tout un autre registre, le journal « Rassiiskaya Gazeta » indique que le Président russe, Vladimir Poutine a souligné la nécessité de valoriser le rouble dans les échanges commerciaux avec les autres pays, et ce, en s’adressant aux membres de la commission présidentielle pour le développement du secteur énergétique et de la sécurité écologique.
En Grèce, le quotidien « Ta Néa » indique que le gouvernement grec a décidé, avec le soutien de l’Union Européenne, d’augmenter le quota des réfugiés sur le territoire grec à 50.000 demandeurs d’asile, annonçant également la création de nouveaux centres temporaires de rétention à Athènes et dans le Nord du pays, et ce, en partenariat avec le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
Citant des sources gouvernementales, le journal ajoute que cette vaste opération sera financée par l’Union Européenne, soulignant que l’initiative grecque est motivée par des considérations humanitaires en raison du froid hivernal et aussi pour mieux faciliter le tri en attendant la relocalisation des réfugiés dans les pays d’accueil.
De même, le journal « Ethnos » révèle que le gouvernement grec compte relocaliser pas moins de 20.000 réfugiés en les plaçant dans des centres et des résidences non habitées, surtout pour les familles qui ont des enfants à charge. Et de relever que cette opération va profiter aux propriétaires des logements et toute l’économie grecque en général.
Le journal précise que le Haut commissariat aux réfugiés sera, pour sa part, chargé des centres de rétention où sont confinés environ 20.000 demandeurs d’asile, indiquant que le gouvernement poursuivra le chantier de construction de nouveaux centres d’enregistrement et de tri des réfugiés sur les îles.
Et de conclure que cette crise des migrants sans précédent ne peut être résolue tant que la frontière gréco-turque reste ouverte à de milliers de migrants, soulignant l’urgence pour l’Union Européenne de mettre en œuvre son plan d’action concernant la gestion de la problématique en Turquie.-(MAP)-