Réflexions sur le projet de loi relatif au Service national des étudiants en médecine

Réflexions sur le projet de loi relatif au Service national des étudiants en médecine
L’examen du projet de loi instituant un service national obligatoire de deux ans soulève un certain nombre de remarques et de réflexions :
Sur le plan juridique et politique:
La question de la constitutionnalité de ce projet de loi peut être légitimement posée compte tenu qu’elle porte atteinte au principe d’égalité des citoyens en instaurant une discrimination entre cette catégorie de la population et d’autres. En tout cas, l’examen de la conformité à la Constitution ne peut intervenir qu’après le vote et la promulgation de la loi.
Sur le plan politique on voit mal des députés de l’opposition saisir le Conseil constitutionnel pour demander la réforme de la loi du fait de la faiblesse de l’opposition actuelle et surtout oser demander la réforme d’un projet présenté à l’opinion publique en tant que «citoyen»
Sur le plan de l’équité :
Il s’agit d’une population d’étudiants très méritants qui accèdent aux études de médecine après avoir obtenu un baccalauréat avec mention, passé un concours et poursuivi de longues études .
C ‘est aussi une population issue des classes moyennes ou des couches populaires et bien que les études soient gratuites, les parents consentent des sacrifices matériels et sont appelés par ce projet à en faire davantage.
L’efficacité de la mesure
Tout le monde reconnait que le secteur de la Santé connait des déficiences importantes, en particulier dans les zones rurales. La mise en place du service national va-t-elle contribuer à remédier à cette situation? Il est permis d’en douter.
Comment des jeunes, non motivés, et ne bénéficiant pas des conditions de travail minimales peuvent ils accomplir leur mission auprès des populations souvent défavorisées ?
Il est permis de se demander si cette mesure ne risque pas de décourager les meilleurs éléments à opter pour les études de médecine ou d’aller les effectuer à l’étranger ou dans le privé pour échapper au service national.
L’argument avancé par le ministre de la Santé est que le personnel médical déserte certaines régions. A ce propos, est-ce que des postes budgétaires ont été créés et n’ont pas été comblés faute de candidats ?
Par ailleurs, il faudrait des mesures incitatives de la part des collectivités locales, notamment la Région, et du ministère de la Santé pour attirer des médecins libéraux dans ces contrées.
Enfin, avec la création des nouvelles facultés de médecine dans plusieurs villes du Maroc, les nouveaux lauréats vont chercher à rester dans leurs régions. En attendant que les premiers lauréats sortent de ces nouvelles facultés, on peut envisager que les étudiants en médecine soient invités, dans le cadre du cursus des études, à passer quelque semaines dans ces régions, selon des modalités à définir.
En conclusion, nous n’avons pas besoin d’une loi pour résoudre ce problème ; il faut davantage de bonne volonté et de bon sens. Le ministre de la Santé surexploite une certaine popularité auprès de l’opinion publique (baisse des prix de certains médicaments, fermeture de Bouya Omar etc.). De même, le chef du Gouvernment, Abdelilah Benkirane, veut encore montrer qu’il est intransigeant pour la prise de certaines mesures mêmes impopulaires (refus d’embaucher les diplômés chômeurs).