ONU-Maroc : Paris, Washington, Moscou, le tiercé gagnant…

Une dépêche de l’agence MAP nous apprend que le Roi Mohammed VI a eu, mardi 12 avril, un long entretien téléphonique avec le Président russe Vladimir Poutine. Et l’agence de préciser que la question du Sahara marocain a constitué l’un des thèmes majeurs de la discussion entre les deux chefs d’Etat, dans la perspective des réunions du Conseil de Sécurité de l’ONU sur le renouvellement du mandat de la Minurso.
Cet entretien téléphonique, son contenu et ses résultats, sont, incontestablement, une nouvelle et très belle victoire diplomatique du Royaume, qui s’assure ainsi du soutien clair et non équivoque de la Russie, membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU !
Sachant que Rabat dispose déjà de l’appui de Washington et de Paris, on voit mal ce que les adversaires de notre cause nationale sacrée pourront obtenir dudit Conseil à la fin de ce mois, quand bien même le sieur Ban déploierait dans son rapport, des vues et opinions hostiles à notre pays, dans la ligne de ses dérapages à Tindouf et Bir Lahlou !
Le soutien affirmé de la Russie, qui est la suite positive du voyage royal sur les bords de la Moskova le mois dernier, est ainsi, sans doute, la plus récente carte maîtresse du Maroc, dans la mesure où la Russie était considérée jusqu’à peu comme l’un des plus fermes soutiens de l’Algérie.
Mais le Président Poutine, champion incontesté de la realpolitik, ne pouvait ignorer les atouts marocains, à l’heure où notre voisin de l’Est sombre dans l’immobilisme, les querelles de clans pour la succession inéluctable du président Bouteflika, quasiment momifié dans son fauteuil roulant, à l’intérieur du palais de La Mouradia !
La Russie observe, juge et jauge…
L’avenir de notre région, mais aussi celle du Sahel, alors que les menaces déstabilisatrices se précisent à partir de la Libye, ne saurait être garanti par un Etat, certes central géographiquement, mais profondément touché par la baisse de ses revenus pétroliers, les tensions intérieures, sociales, politiques et même ethniques (Kabyles et Mozabites), la sclérose de sa bureaucratie étatique tentaculaire et prédatrice et la mainmise de l’état-major militaire sur les décisions stratégiques !
Comme chacun a pu le voir, non sans effarement, lors de l’audience accordée par le Président Bouteflika au Premier ministre français Manuel Valls, l’Algérie est dirigée aujourd’hui, officiellement du moins, par un homme prostré, au regard vide, à l’attitude figée.
Cela pourrait-il satisfaire les « grands Etats » qui, de près ou de loin, suivent les évolutions qui sont en cours aujourd’hui ?
La France et les Etats-Unis, de plein gré ou à contrecœur, avaient déjà fait le choix du Maroc depuis plusieurs mois. La Russie rejoint le camp de nos soutiens, pour les raisons présentées plus haut, mais aussi parce que le président Poutine n’a guère apprécié les « vues » de Ban Ki-moon sur la Crimée et l’Ukraine, mais encore sur l’implication russe en Syrie aux côtés de Bachar Assad.
Par contre, le Royaume dispose d’un atout précieux pour le Kremlin, celui d’avoir l’écoute des monarchies du Golfe, impliquées elles aussi en Syrie, soucieuses des manœuvres de Téhéran dans la région, attentives au « jeu » de la Turquie d’Erdogan…
Et il n’aura échappé à personne que dès son retour au pays, le Roi Mohammed VI a eu vite fait d’envoyer un émissaire spécial à Ryad, son conseiller Fouad Ali Al Himma, flanqué de Nacer Bourita, en vérité incontournable au MAEC.
Et l’on peut légitimement penser que les deux représentants du Royaume ont eu quelques conversations fort utiles avec les plus hauts dirigeants saoudiens…
Fahd yata
LNT.ma