Manchester City-PSG : les pires erreurs tactiques de Laurent Blanc

En alignant son équipe en 3-5-2 lors du quart retour de la C1, le coach parisien a fait un pari dans un match à enjeu. Et, comme trop souvent, il l’a perdu…
Il y a des entraîneurs qui transforment tout ce qu’ils touchent en or, en coups de génie tactiques, en coaching gagnant. Et il y a ceux qui font l’exact opposé. Qui ratent tout ce qu’ils entreprennent d’un point de vue tactique et dont chacune des innovations ou des tentatives se solde systématiquement par un échec cuisant. Laurent Blanc est malheureusement de ceux-là. Et chaque fois, cela se passe dans des rencontres à enjeux. Retour sur les pires décisions de la carrière de coach de l’ancien joueur surnommé “le Président” et dont le sens du jeu semble resté du même côté que ses crampons…
12 avril 2016 : quart de finale retour de la Ligue des champions Manchester City-PSG (1-0)
Face à Manchester City, lors du quart de finale retour de la Ligue des champions, le PSG doit absolument s’imposer. Le score du match aller (2-2) et l’importance des buts à l’extérieur empêchent toute autre alternative. Du coup, Laurent Blanc surprend son monde en alignant son équipe dans un 3-5-2 inédit cette saison en Ligue des champions. Avec seulement trois joueurs à vocation offensive – Cavani, Zlatan et Di Maria – et avec Pastore (en manque et rythme) et Lucas sur le banc, le coach parisien ne joue clairement pas la carte offensive alors qu’un simple 0-0 peut qualifier les Citizens. Cette innovation se solde par un début de match désastreux, une première période catastrophique (un seul tir cadré) et finalement une élimination de la C1 face à une équipe qui n’avait jamais atteint ce niveau de la compétition de toute son histoire.
Jamais les Parisiens n’ont réussi à s’exprimer dans ce schéma tactique : les deux latéraux (Van der Wiel et Maxwell) n’ont joué que très rarement leur rôle de “piston”, Serge Aurier – aligné parmi les trois défenseurs axiaux – a livré une performance très faible, multiplant les erreurs de placement et les approximations techniques tandis que le peu d’automatismes dans ce 3-5-2 s’est manifesté par un manque cruel d’intensité dans les duels et une animation offensive très pauvre. Paris devait gagner. Le PSG n’a même pas marqué…
6 avril 2016 : quart de finale aller de la Ligue des champions PSG-Manchester City (2-2)
Face à l’un des meilleurs tirages imaginables à ce stade de la compétition (le Barça, le Real, l’Atlético et le Bayern ayant été évités), le PSG se voit contraint de jouer le match aller au Parc des princes. Pas idéal. Pour autant, en face, Manchester City, malgré ses centaines de millions de dollars déversés sur le marché des transferts, n’était jamais parvenu à franchir le stade des huitièmes de finale de la Ligue des champions. C’est donc le premier quart en C1 des Citizens. Le PSG s’apprête pour sa part à jouer son quatrième quart de finale consécutif. Si les hommes de Manuel Pellegrini réalisent une saison plus que moyenne en Premier League, il n’en reste pas moins que l’effectif mancunien possède des individualités à faire frémir pas mal de club (Yaya Touré, Aguero, Silva, Jesus Navas, De Bruyne, Sterling) même si un certain nombre de ces stars sont absentes à l’heure de jouer ce quart de finale.
Laurent Blanc décide de faire un pari. Celui de Serge Aurier. Écarté du groupe pro depuis deux mois, le latéral droit parisien – dont les qualités physiques sont énormes – est pourtant titularisé en lieu et place de Marquinhos, qui donne pourtant pleinement satisfaction à ce poste. Le coach parisien explique qu’il souhaitait bénéficier des qualités de vitesse et de contre-attaquant de l’Ivoirien. Un argument audible… si Serge Aurier avait pu afficher la pleine mesure de ses moyens ! À court de forme et de rythme (trois matches joués en deux mois, dont un avec la CFA du PSG), le pari de Laurent Blanc est encore perdu : Serge Aurier livre un match très moyen, termine la rencontre totalement cramé et est responsable de l’égalisation mancunienne du 2-2 en remettant le ballon dans les pieds de Fernandinho. Encore raté pour “le Président”.
8 avril 2014 : quart de finale retour de la Ligue des champions Chelsea-PSG (2-0)
À l’aller au Parc des princes, face aux hommes de José Mourinho, le PSG s’est imposé 3-1 dans les derniers instants grâce à un Pastore de gala sur le dernier but (93e). Après l’élimination rageante de la saison passée face à Barcelone au même stade de la compétition (sans perdre aucune des deux rencontres : 2-2 puis 1-1), le Paris SG n’a jamais été aussi proche du dernier carré européen de toute l’ère qatarie. Malgré tout, le but à l’extérieur de Hazard lors du match aller fait tache et peut compliquer les choses à Stamford Bridge. En gros, le PSG doit absolument marquer pour se donner de l’air et forcer les Blues à inscrire trois buts. En cas de silence offensif, un score de 2-0 qualifierait Cheslea. C’est ce qui se passera après un coaching particulièrement mal senti de Laurent Blanc.
Après la sortie de Hazard et l’entrée en jeu de Schürrle en début de match (18e), le futur champion du monde allemand débloque le compteur des Blues dès la 32e minute de jeu. Alors que le début de rencontre s’était davantage apparenté à un round d’observation, à partir de ce but, les hommes de José Mourinho se ruent à l’attaque. La réponse parisienne se fait attendre mais n’arrive pas. Les joueurs de Laurent Blanc font, certes, le dos rond, mais ne semblent pas en mesure de répondre à cette ouverture du score alors qu’un seul but doucherait les espoirs londoniens. Alors qu’ils viennent de se prendre une claque avec ce but, ils préfèrent attendre (et donc tendre l’autre joue), jouer la montre.
Bien que Cabaye et Pastore entrent en jeu lors de la seconde période, c’est le dernier changement effectué qui sera révélateur de l’état d’esprit de l’ancien sélectionneur de l’équipe de France. L’entrée en jeu de Marquinhos à la place de Lucas à la 85e minute sera fatale au PSG. En effet, à ce moment-là, Paris ne fait plus que défendre avec ses désormais trois défenseurs axiaux (Alex, Thiago Silva, Marquinhos). Deux minutes plus tard, c’est un des trois attaquants de pointe de Chelsea alors en jeu (Ba, Torrès, Eto’o) qui aura le dernier mot : Demba Ba crucifie Paris à la 87e minute et fait gagner Chelsea 2-0. Le pire des scénarios. Après le match, Laurent Blanc reconnaîtra qu’au moment de l’entrée en jeu de Marquinhos, il pensait “à ce moment du match, pouvoir se qualifier en perdant 1-0 et en conservant ce score”. Mauvaise mentalité et nouveau pari perdu.
23 juin 2012 : quart de finale de l’Euro France-Espagne (2-0)
C’est sans doute le pire coup tactique de la carrière de coach de Laurent Blanc avec celui du 3-5-2 de mardi soir. Après une phase de groupe laborieuse (2e du groupe D derrière l’Angleterre et malgré une défaite contre la Suède), l’équipe de France s’apprête à jouer face à l’ogre espagnol, tenant du titre, en quart de finale de l’Euro 2012.
Du coup, au moment de l’annonce des compositions d’équipe, Laurent Blanc tente “un coup”. Cette fois-ci, ce n’est pas tant au niveau du schéma tactique que du choix des hommes qu’il surprend tout le monde. En effet, afin de bloquer le couloir droit des assauts d’Andrés Iniesta, le sélectionneur des Bleus décide de laisser Samir Nasri au vestiaire pour lui préférer Mathieu Debuchy, habituellement arrière droit. Et sur le côté droit de la défense tricolore, c’est Anthony Réveillère qui est alors titularisé. Deux défenseurs droits titulaires au coup d’envoi de ce quart de finale ! Le suspense ne durera pas longtemps puisque dès la 19e minute, la “Roja” ouvre le score. Comment ? Par l’intermédiaire d’Andrès Iniesta qui lance parfaitement Jordi Alba et provoque la chute de Mathieu Debuchy avant un centre millimétré sur la tête de Xabi Alonso qui débloque le compteur espagnol. En moins de 20 minutes, le plan de Laurent Blanc est tombé à l’eau et la France a été battue 2-0…
Par Alexandre Ferret – Le Point