Les enseignants de demain déterminés à manifester et les autorités décidées à mater

Les enseignants stagiaires semblent déterminés à manifester jeudi à Rabat en dépit du communiqué menaçant du chef du gouvernement rendu public avant-hier et dans lequel il a durci le ton contre eux.
En effet, Abdelilah Benkirane a pris la décision d’interdire la manifestation que les professeurs de demain comptent organiser ce jeudi «sur la voie publique à Rabat», a souligné ce communiqué relayé par la MAP.
«Dans le cadre de ses prérogatives, le ministère de l’Intérieur prendra toutes les mesures et les dispositions pour la mise en œuvre de cette décision gouvernementale», a précisé la même source. Et d’ajouter que «le gouvernement fera face à toutes les tentatives visant à porter atteinte à l’ordre public, faisant porter la responsabilité de ceci aux agitateurs et aux parties visant à attiser la situation en exploitant les revendications sociales de cette catégorie et d’autres» et de rappeler que «depuis octobre dernier, les artères de certaines villes marocaines connaissent des mouvements de protestation de groupes d’étudiants affiliés à ladite coordination nationale des enseignants-stagiaires des centres régionaux d’éducation et de formation pour réclamer l’annulation des deux décrets relatifs à la réduction de la bourse de stage et à la séparation de la formation du recrutement».
Contactée par Libé, une source de la Commission nationale des professeurs stagiaires au Maroc a souligné que ces derniers ne se laisseront pas intimider par ces menaces et affirmé qu’ils sont déterminés à protester à Rabat comme prévu dans leur programme arrêté il y a plusieurs semaines, et ce en dépit de l’interdiction des autorités et de la proposition de l’«Initiative civile» visant à mettre fin à ce conflit.
«La Commission nationale est ouverte à tout dialogue avec le gouvernement et à toute initiative qui permettra de résoudre ce dossier. Mais le paradoxe, c’est qu’au moment où l’on parle d’une nouvelle proposition allant dans ce sens, le gouvernement recourt à la menace et à l’intimidation», a tenu à préciser la même source surtout qu’il continue à considérer que «la solution proposée par lui demeure la seule issue possible», et qu’elle doit passer obligatoirement «à travers le recrutement de l’ensemble des enseignants en deux étapes, la première au titre des postes budgétaires de l’année en cours et le reste au début de la prochaine année budgétaire, à condition de passer le concours».
La Commission nationale a, à ce propos, salué, dans un communiqué rendu public mardi dernier, la nouvelle proposition de l’«Initiative civile» et souligné qu’elle demeure ouverte au dialogue dans l’objectif de mettre un terme à ce conflit, tout en réaffirmant sa détermination à manifester ce jeudi.
Il convient de rappeler que cette nouvelle proposition porte sur la reprise par les enseignants stagiaires de la formation théorique durant les mois de mai, juin et juillet alors que la formation pratique sera effectuée durant les mois de septembre, octobre et novembre. L’examen de fin d’études se déroulera en décembre et le concours pour le recrutement direct en janvier 2017.
«Nous saluons toute proposition et toute initiative visant à solutionner ce problème», a affirmé Abdelaziz Ioui, membre du Bureau central de la Fédération démocratique du travail et secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement.
Il a ajouté que le gouvernement se trouve actuellement dans une impasse tout en regrettant que le dossier des enseignants stagiaires n’ait pas été abordé mardi dernier lors du dialogue entre l’Exécutif et les centrales syndicales, ajoutant que la FDT compte l’aborder lors de sa prochaine réunion avec l’Exécutif.
T.Mourad
Libe.ma