Tourisme et loisirs

Le tourisme à l’épreuve d’une gestion communale défaillante

Le rapport entre le tourisme et la gestion communale est tellement étroit à tel point que le développement d’un tourisme urbain ne peut se concevoir avec la gestion d’une Commune Urbaine défaillante. Par contre lorsqu’une gestion communale est bien conçue, bien faite, bien menée, cela aide énormément le développement du tourisme urbain. D’ailleurs, toutes nos destinations touristiques sont à vocation du tourisme urbain.

« Pour avoir un tourisme de qualité, il faut avoir une municipalité de qualité », avait bien expliqué M. Pedro Granados Carillon, maire de la ville de Salou, destination balnéaire qui se trouve à 100 km de Barcelone. Le Maire sait bien de quoi il parle. Son intervention avait eu lieu lors d’un work shop organisé par l’ENCG d’Agadir, ayant pour thème : « la Gouvernance d’une ville touristique ». Le Maire était accompagné de M. Miguel Segui Linas, chercheur Université des Ils Baléares.

Mauvaise surprise lors de ce workshop bien instructif, aucun élu de la Commune Urbaine d’Agadir n’était présent. Ni le président, ni le vice-président, ni les membres du bureau. Une honte, une déception sans limite qu’on ne peut expliquer que par la négligence d’une gestion urbaine qui vise le développement du tourisme. C’est également une marque d’irrespect inacceptable, de la part du président de la CUA d’Agadir, vis-à-vis de son confrère le Maire de Salou.

Où est passé le respect des invités ? Où sont passées les bonnes manières d’accueil et d’hospitalité légendaires des marocains. Le président de la CUA ne peut prétexter n’être pas au courant puisqu’il a été invité officiellement par les organisateurs. Or combien même il serait occupé, il devrait au moins assister à la séance d’ouverture, prononcer un mot de bienvenue, s’excuser après en désignant un de ses vices président de le remplacer. Rien de tout cela. L’assistance n’en revenait pas et ne trouvait aucune explication raisonnable à cette absence flagrante. Il faut avouer que lors que la séance d’ouverture, les organisateurs et l‘assistance avait honte à cause de l’absence des élus locaux, lorsque le Maire de Salou, prit la parole.

Le thème de « La gouvernance d’une ville touristique », s’adresse d’abord et avant tout aux élus et non aux étudiants des écoles de formation et encore moins aux professionnels du secteur. Car tout ce beau monde subit avec les habitants, avec les visiteurs et les résidants étrangers à Agadir, les conséquences néfastes d’une gestion communale défaillante, qui n’a jamais pris en compte la gestion de qualité d’une destination touristique urbaine.

Cela n’a pas été fait, bien malheureusement, depuis des années et cela continue encore toujours, pour devenir, actuellement, vraiment problématique et insupportable, voire horrible. Il est inconcevable que signaler toutes les destinations touristiques de notre pays souffrent de défaillances flagrantes en matière de gestion communale, visant à la fois la bien être des populations locales, et le bon accueil des touristes.

On aurait aimé voir le président du Conseil Communal d’Agadir et les membres de son bureau et d’autres élus locaux, assister au work shop, pour comprendre comment se fait une gestion communale d’une ville touristique qui s’adresse d’abord aux habitants. Lorsque cette gestion est bien faite, elle profite évidemment aux touristes et aux visiteurs ; ainsi donc tout le monde en profite. Résultat les locaux sont satisfaits, participent au bon accueil des touristes et les visiteurs sont comblés car ils évoluent dans un environnement urbain correcte, accueillant, en constante amélioration et mise à niveau.

Salou est une petite ville côtière, une destination balnéaire donc, avec 37.000 habitants et qui reçoit 2 millions de touristes par an et enregistre 8 millions de nuitées. Elle abrite, pas moins de 100 nationalités, qui vivent en bonne coordination, bien accueillies et chouchoutées par les élus du Conseil Municipal. « L’objectif pour nous », explique le Maire de Salou, « est d’abord d’avoir une municipalité de qualité, au service de tout le monde. »

Il est à préciser que la gestion du tourisme à Salou, se fait par le Maire et les membres du bureau qui sont assistés par les professionnels, dans une synergie permanente qui vise le développement du tourisme via de la réalisation de prestations urbaines de qualité. UN rêve pour nous qui souffrons, depuis des années des défaillances continues et cumulées de gestion communale de la destination Agadir.

Il est à préciser que la Mairie de Salou s’appuie sur le partenariat avec l’Université en matière de recherche, d’étude, et d’innovation. Là encore on ne peut s’empêcher de comparer avec Agadir, où malgré le dynamisme de l’ENCG, malgré le nombre grandissant des études de doctorants, de visites de terrain, d’invitation de professionnels, aucune coordination réelle ne s’effectue sur le terrain avec les élus de la CUA et aucun écho favorable de terrain n’est manifesté envers l’Université Ibn Zohr. Preuve en est leur absence intégrale des élus locaux au work shop sur la gouvernance d’une destination touristique.

Concernant les Iles Balnéaires le chercheur Miguel Segui Linas avait expliqué que les Iles sont passées du tourisme de masse en 1995 à un tourisme diversifié ; grâce aux résultats des recherches et consultations universitaires. Ainsi la niche du golf arrive à générer 1 million de nuitées sur la base d’un prix de 300 euros la nuit. Quant au tourisme rural, il draine 3 millions de touristes et 18.710.000 nuitées, pour une capacité de 181.000 lits. Le cyclo tourisme lui draine 160 000 touristes cyclistes. Le tourisme spirituel : yoga, massage, réflexion ; déstresse hors wifi rapporte 3 000 euros par semaine.

La ville de Majorque, à elle seule, draine 16.300.000 touristes dont 13.800.000 internationaux et 2.520.000 nationaux ; avec une capacité de 623 600 lits dont 353 .000 lits hôteliers. Bref, cela donne une idée de l’importance du secteur du tourisme appuyé sur une gestion communale de valeur. Cela va de paire. Moralité qu’on arrête chez nous de considérer les Canaries, les Baléares, entre autre, comme nos concurrents. C’est un non sens absolu. On peut concurrencer ces « géants » ; ce équivaut à comparer la force d’un éléphant et celle d’un chat…

Par contre nos élus et nos professionnels doivent s’inspirer de ce qui se fait là bas, à travers des visites de terrain. Mais à qui le dire ? Qui prendra cette décision ? Cela fait des années qu’on le propose, à chaque sur ces colonnes mêmes, sans jamais trouver des échos favorables. On navigue à vue en gérant le quotidien, basé sur des handicaps touristiques et urbains grandissants, sans aucune visibilité, ni stratégie pour le court, moyen et long terme. Résultat on recule au lieu d’avancer et la destination balnéaire gadirie va de mal en pire…

Il est grand temps que la destination soit bien prise en main dans une synergie réelle entre les élus, les professionnels du secteur du tourisme, à travers les associations professionnelles et le Conseil Régional du Tourisme (CRT), et les Autorités. En l’absence de cette synergie, on ne peut que continuer à perdre du temps, sombrer encore plus dans une crise de gestion sans fin. Il est à rappeler à ce sujet le retard enregistré dans l’annonce d’une assemblée générale élective pour le renouvellement du bureau du CRT et de son président, pourtant démissionnaire depuis plusieurs mois.

Un retard qui ne sert nullement la cause de la gestion touristique dans la destination. Face aux partenaires, on a besoin d’un nouveau bureau bien consolidé, professionnel, bien impliqué, pour pouvoir aller de l’avant notamment avec la nouvelle mission de promotion régionale accordée par le Conseil Régional Souss Massa au CRT, à travers une subvention annuelle de 10 millions de DH, pour 2018. Un cas unique dans les annales touristiques au Maroc. Une bonne leçon d’implication du Conseil Régional du Souss Massa concrétisation sa vraie implication dans le développement du tourisme. Bravo messieurs…

 

Par Mohamed RIAL

 

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