Le Brexit… du pain béni pour les eurosceptiques

‘’Les Britanniques quittent le navire européen ! L’UE s’effondre, se meurt !’’. Alors que ces mots sonnent comme un déchirement pour les partisans de la construction européenne, les Eurosceptiques, eux, exultent, triomphent.
On savait que l’Euroscepticisme gagnait de plus en plus de terrain, comme en témoignent les différents sondages dans les principaux Etats membres de l’UE, mais de là à le voir autant peser sur l’avenir même de l’Europe, c’est un nouveau pas vers l’inconnu qui semble avoir été franchi.
Pour de nombreux observateurs, le danger émane du fait que le Brexit pourrait donner le coup d’envoi à une marche irréversible de désintégration, qui risque à terme de vider l’UE de l’esprit qui a présidé à sa création.
Sans attendre, les eurosceptiques de plusieurs pays, parmi les fondateurs même de l’UE, ont d’ores et déjà exprimé leur souhait de suivre l’exemple britannique.
En France, la chef de file de l’extrême droite française Marine Le Pen a réclamé un référendum sur la sortie de l’UE ‘’en France et dans les pays de l’UE’’.
‘’Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l’UE’’, a réagi la présidente du Front national sur son compte Twitter.
Le leader du parti d’extrême-droite italien Ligue du Nord, Matteo Salvini, et le député néerlandais le populiste Geert Wilders (PVV) ont également réclamé la tenue d’un référendum similaire à celui des Britanniques.
‘’Le jeudi 23 juin sera inscrit dans l’histoire comme le jour de l’Indépendance. L’élite europhile est vaincue. Le Royaume-Uni indique à l’Europe le chemin vers l’avenir et la libération. Le temps est venu d’un nouveau départ, fondé sur ses propres forces et la souveraineté. Aussi aux Pays-Bas’’, a écrit le PVV.
Metteo Salvini n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. ‘’Hourrah pour le courage de citoyens libres! Le cœur, l’esprit et la fierté ont vaincu les mensonges, menaces et chantage. Merci (la Grande-Bretagne), maintenant c’est notre tour’’.
En Allemagne, l’un des moteurs de l’Union européenne. Le chef du parti populiste de droite AfD, Frauke Petry, a souhaité ‘’une Europe des Patries’’. ‘’Si l’UE n’abandonne pas son expérience quasi socialiste de l’intégration toujours plus poussée, les peuples européens vont reprendre leur souveraineté à la manière britannique’’.
Toutefois, malgré cette ‘’chute du mur de Bruxelles’’, comme certains populistes ont désigné le Brexit, les Europhiles estiment que l’Union européenne peut continuer à fonctionner. Eviter un effet domino à l’intérieur de l’Union dépendra, selon eux, de la manière dont les dirigeants européens géreront la situation, mais aussi des perspectives qu’ils donneront au citoyen européen.
‘’La réaction en chaîne que les eurosceptiques célèbrent maintenant un peu partout n’aura absolument pas lieu’’, a affirmé le président du Parlement européen, Martin Schulz, tout en déclarant qu’il allait discuter avec la chancelière allemande Angela Merkel des moyens de l’éviter’’.
Au-delà de la gestion de l’après Brexit, il faudra pour contrer la percée des partis eurosceptiques et extrémistes, insistent notamment les chefs de groupes politiques au Parlement européen, penser l’Europe comme une maison, un abri, et non comme un fardeau, une machine bureaucratique qui consomme plus qu’elle ne produit.
Repenser l’Europe, c’est changer son mode de gouvernance, réformer l’Euro, promouvoir une politique migratoire et sécuritaire commune et remettre le citoyen au cœur des politiques européennes.
‘’Il est impératif que l’UE ne soit pas vue seulement comme bénéficiant aux entreprises, mais aussi aux employés, pas seulement à ceux qui bougent mais aussi à ceux qui restent, pas seulement à ceux qui ont des diplômes et des compétences linguistiques, mais à tous les citoyens’’. Dixit l’ex président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.
Morad Khanchouli