L’Arganier à Palabre à la 13éme édition du Festival International Cinéma et Migrations

Grace à une étroite collaboration entre l’Association “L’initiative culturelle”, le Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger (CCME) et l’Université Ibn Zohr, le Festival international Cinéma et Migrations d’Agadir offre, dans le cadre de son « Arganier à Palabre », un espace de rencontre et d’échange sur le fait migratoire.
Il s’agit d’un espace de paroles libres portées par des acteurs aux parcours migratoires exceptionnels qui seront l’hôte de cette 13eme édition qui s’ouvre mardi prochain.
“Nous tacherons de déconstruire les images réductrices du fait migratoire qu’a modelé les apôtres des frontières et des murs entre les peuples. Tout au long de l’histoire de l’humanité le migrant reste porteur de valeur de découverte de l’autre et participe humblement à l’édification d’un monde de brassage et de concordance entre cultures et civilisations”, explique Youssef Hajji, chargé des questions de cultures, identités et éducations au CCME, qui a coordonné ce programme qui se déroulera en trois temps autour de deux thématiques et un hommage.
Les deux conférences portent respectivement sur : la migration africaine en tant que richesse pour le continent, et sur les médias et image du migrant africain en Afrique et dans les pays d’installation.
Un hommage sera, par ailleurs rendu, à l’artiste peintre Rahma Hajji-Azzouz. Originaire de l’orientale, Rahma émigre en France en 1966, à Saint-Denis, où elle rejoint son mari, parti deux ans plus tôt sans donner de nouvelles.
Elle ne racontera qu’en 2010, dans un portrait que lui consacre le Courrier de l’Atlas, les conditions dans lesquelles elle arrive en France, avec ses deux fils en bas âge Abdou (18 mois) et Hicham (6 mois).
Elle avait gardé au fond d’elle ce récit comme la blessure originelle, la rupture brutale, au déroulement de sa vie, histoire comme beaucoup d’une immigration contrainte.
C’est presque au moment où se libère la parole qu’elle se met à peindre. Le début d’un récit pictural de son immigration, des douleurs de la séparation, de l’exil, de la difficulté de s’émanciper et vivre sa vie de femme, de la difficulté de parler le français, de ce désir presque névrotique de réparer la confiscation de l’école et pousser ses enfants à la réussite scolaire. De 2010 à 2015, elle aura une production de toiles prolifiques, qu’elle exposera à l’office du Tourisme du Maroc sous le haut patronage de l’Ambassade.
Si Rahma contourne la difficulté de s’exprimer et de témoigner en nous offrant une fresque colorée, sa fille Bouchera Azzouz, auteure et réalisatrice, lui consacre un film poignant pour que cette histoire de l’immigration soit exhumée à la fois de l’oubli mais aussi d’une lecture jusque-là exclusivement masculine.