La revue de presse quotidienne européenne

Les relations qui s’enveniment au fil des jours entre la Russie et la Turquie retiennent l’attention, vendredi, de journaux de l’Europe Orientale au côté d’autres thèmes économique ou politique.
En Pologne, la presse focalise sur l’amplification de la détérioration des relations entre la Russie et la Turquie suite à l’arrêt du projet de construction du gazoduc “Turkstream” qui devait acheminer du gaz russe vers la Turquie et d’autres pays du Sud de l’Europe.
“Polska” écrit que le président russe Vladimir Poutine ne lâche pas prise et semble décidé à faire payer à la Turquie l’attaque de sa DCA contre l’avion de combat russe Su24 abattu à la frontière turco-syrienne tuant l’un des deux pilotes abord. Le journal note qu’après l’embargo sur des produits agricoles turcs, Moscou a cessé toute négociation sur la construction du gazoduc Stream renvoyant ce projet aux calendes grecques.
La publication, qui rappelle que c’est le deuxième projet à être enterré après celui South Stream par la mer noire bloqué par l’Union Européenne en raison du conflit ukrainien, observe que la crise affectant les rapports russo-turcs va s’installer dans la durée en raison des exigences de Moscou de voir Ankara présenter des excuses officielles sur sa responsabilité dans l’incident militaire ce que la Turquie refuse et rejette en bloc.
Abondant dans le même sens, “La Gazette Juridique” souligne qu’outre les sanctions touchant l’agriculture et le tourisme imposées par Moscou contre la Turquie, le Kremlin va loin en suspendant les réunions de la grande commission mixte qui ne se tiendront plus, du moins dans les prochains mois, et en imposant le visa aux ressortissants turcs désireux de se rendre en Russie pour le travail ou le tourisme.
Tout indique, ajoute le journal, que le chef du Kremlin compte aller loin dans l’escalade que connait les relations avec la Turquie, soulignant que Moscou veut faire payer à Ankara le prix fort pour avoir abattu “délibérément” l’avion russe en lutte contre les terroristes en Syrie.
La Russie a non seulement réaffirmé sa détermination à poursuivre la lutte armée contre les terroristes en Syrie, mais a commencé également à installer des bases militaires sur le sol syrien, ce qui n’est pas sans susciter les inquiétudes des turcs, souligne en substance la publication.
En Autriche, le journal économique “Wirtschaftsblatt” indique que l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui tient ce vendredi à Vienne sa 168ème réunion ministérielle ordinaire, devrait, sauf revirement de dernière minute, maintenir le volume de production du brut fixé à 30 millions de barils par jour, et ce, malgré le coût de cette politique sur les finances de certains de ses membres.
Et de noter que cette décision risque encore une fois de contrarier les objectifs de certains pays membres de l’OPEP très touchés par la dégringolade des prix, notamment le Venezuela, la Libye et l’Algérie, qui cherchent par tous les moyens à pousser les autres producteurs de l’organisation à serrer les robinets de leurs puits pour rendre le prix du brut plus cher.
Pour sa part, le quotidien “Kronen Zeitung” révèle que deux jeunes syriens demandeurs d’asile entrés dernièrement parmi la vague des migrants, sont en détention provisoire à Salzbourg pour leur présumée appartenance à l’organisation terroriste “Daesh”.
Leur arrestation a été ordonnée suite aux témoignages de certains réfugiés syriens qui ont indiqué à la police que les deux mis en cause avaient participé à des combats dans les rangs de l’organisation terroriste, précise le journal à l’appui d’une déclaration du procureur adjoint à Salzbourg, Robert Holzleitner, qui écarte pour le moment leur implication dans les attaques de Paris ou encore l’existence d’une intention de préparer des attentats en Autriche ou ailleurs en Europe.
En Russie, le quotidien “Rassiskaya Gazeta” revient sur la destruction de l’avion russe par la Turquie et écrit que le président Vladimir poutine a, lors de son allocution annuelle devant les parlementaires, les membres du gouvernement et les gouverneurs des régions de Russie, souligné que “nous n’allons pas brandir les armes, mais si quelqu’un pense que pour un crime de guerre aussi lâche, le meurtre de nos concitoyens, ils en seront quittes avec des tomates ou des sanctions dans le secteur des travaux publics ou dans d’autres secteurs, ils se trompent lourdement”.
La Russie a mis en place une série de sanctions économiques contre la Turquie, visant principalement les secteurs de l’agriculture, des travaux publics, de l’énergie et du tourisme, en rétorsion à la destruction d’un avion russe le 24 novembre au-dessus de la frontière syrienne, indique le journal qui signale que le chef du Kremlin a averti que la Russie n’oubliera jamais ceux qui sont de connivence avec les terroristes.
Le quotidien “Moskovski Komsomolets” a, de son côté, souligné que le président russe a, dans son allocution, mis en garde contre les terroristes russes et de la communauté des Etats indépendants (CEI) en Syrie qui constituent une grande menace pour la Russie, mettant l’accent sur l’impératif de “les éliminer avant qu’ils ne s’approchent de nos frontières”.
Vladimir Poutine a expliqué que c’est pour cette raison que Moscou a décidé de mener des frappes aériennes anti-terroristes en Syrie en réponse à une demande officielle du gouvernement syrien.
Le quotidien “Kommersant” indique qu’un rapport a été présenté au Conseil de sécurité de l’ONU relevant que Daech s’est installé en Libye, ajoutant que la présence de cette organisation terroriste dans ce pays constitue une menace aussi bien pour les pays africains du voisinage que pour les pays européens du bassin méditerranéen.
Selon la publication, ce rapport de 24 pages contient une étude sur la manière de lutter contre les groupes et les organisations terroristes tels que Al Qaeda et Daech, ajoutant que les données des experts indiquent qu’il y a actuellement 3.000 membres de daech en Libye, dont la moitié est installée à Syrte.
La presse grecque s’intéresse à la situation des 6.000 migrants et réfugiés de différentes nationalités bloquées à la frontière gréco-macédonienne après une décision des autorités de Macédoine autorisant seulement le passage des réfugiés syriens, irakiens et afghans.
Le quotidien “Tanea” indique que le gouvernement grec compte en collaboration avec le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) évacuer ces personnes vers des centres d’accueil à Athènes en attendant l’examen de leur situation.
Selon la publication, le commissaire européen à la migration, aux affaires intérieures et à la citoyenneté, Dimitris Avramopoulos a appelé les pays de l’UE a mettre fin aux échanges de reproches, relevant que les menaces de l’effondrement de l’espace Schengen, formulées par certains pays, sera le début de l’effondrement de l’UE, allusion aux pays européens qui ont menacé d’exclure la Grèce des accords Schengen sur la libre circulation et de lui endosser la responsabilité de la poursuite des flux migratoires.
Le quotidien ajoute que le commissaire européen a appelé l’ensemble des pays européens à assumer leurs responsabilités et à ne pas retourner au point de départ, rappelant que l’Europe a déployé de grands efforts durant des décennies pour abandonner toutes choses de nature à provoquer la division entre ses pays.
M. Avramopoulos a souligné que les réfugiés ne sont pas des ennemis de l’UE et que l’Europe ne peut pas devenir une forteresse, ajoutant qu’il existe des personnes qui ont besoin de protection et de soutien et que l’Europe doit se référer à ses valeurs morales et juridiques pour les soutenir.
Le quotidien “kathimerini” rapporte que l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l’UE va aider la Grèce dans le contrôle des flux migratoires à la frontière gréco-macédonienne à partir de la semaine prochaine afin d’accélérer l’enregistrement des demandeurs d’asile.
Citant la porte-parole du gouvernement grec, Olga Gerovassili, la publication rapporte que les informations indiquant que la Grèce n’accepte pas le soutien de l’agence Frontex sont dénuées de tout fondement, ajoutant que Athènes n’a pas bénéficié d’un dixième de soutien demandé à l’agence pour faire face au grand nombre des réfugiés dans le pays.