La revue de presse quotidienne de l’Europe occidentale

Les résultats des élections législatives en Espagne et le scandale de la FIFA dominent mardi la Une de la majorité des journaux européens.
Les quotidiens helvétiques commentent la suspension pour huit ans de Joseph Blatter et de Michel Platini, respectivement président démissionnaire de la FIFA et président de l’UEFA, pour leur implication dans une affaire de corruption.
Sous le titre ‘mise à mort pour Platini et Blatter”, la Tribune de Genève écrit que le coup est d’autant plus rude pour le Français qu’il avait fait acte de candidature à la présidence de la FIFA et se voyait capable de redorer le blason d’une Fédération sérieusement ternie. ‘Cloué au pilori, Michel Platini ne fait en réalité qu’accompagner dans sa chute Sepp Blatter qui, à 80 ans, n’avait plus rien à espérer en coulisses”, souligne le journal.
‘Blatter et Platini déclarent la guerre à la FIFA”, titre son confrère Le Temps qui estime que l’instance d’éthique de la fédération ‘n’a jamais frappé aussi haut et fort à la fois”. ‘La grande guerre pour le pouvoir a déjà commencé”, lance l’éditorialiste, expliquant qu’aujourd’hui il y a une rivalité sans précédent entre plusieurs pôles d’influence au sein de la FIFA. Le +24Heures+ note que pour Michel Platini, ‘un coup d’arrêt s’apparenterait le plus à un arrêt de mort” après qu’il s’est longtemps profilé comme le plus sérieux candidat à la succession de Blatter.
Dire que la commission d’éthique de la Fifa a surpris en condamnant, ce lundi, Sepp Blatter et Michel Platini à une lourde suspension serait mentir, écrit le quotidien belge Le Soir.
Toutefois, estime-t-il, ‘l’essentiel, dans le fond, n’est pas dans le destin personnel de ces deux figures marquantes des trente ou quarante dernières années. L’essentiel, c’est qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du sport, qui présente aujourd’hui cette dichotomie incroyable entre, d’un côté, une puissance financière, économique et politique énorme et, de l’autre, des institutions souvent opaques, parfois moyenâgeuses, et généralement tournées vers elles-mêmes”.
Pour la Libre Belgique la suspension de Sepp Blatter n’est qu’un épisode de plus dans un processus de déchéance entamé voici plusieurs mois avec la mise en cause de plusieurs cadres de la FIFA.
Alors que cette décision ne change rien, fondamentalement, à son sort futur, le vieux dinosaure du football mondial aura réussi, toutefois à entrainer dans sa chute celui qu’il soupçonne de n’être pas étranger à sa descente aux enfers, relève le quotidien, qui estime que si la politique est parfois décrite comme un panier de crabes, la FIFA est une mare à crocodile.
Dans un éditorial, La Dernière Heure écrit que ces hommes, longtemps tout-puissants à leurs postes, se voient à présent excommuniés par les mêmes institutions qui avaient fermé les yeux sur leurs incartades pendant des années. Finalement, tout porte à croire que la fin peu glorieuse de leur parcours leur laissera au cœur une durable amertume, note-il.
En Espagne, les principaux journaux se focalisent tout particulièrement sur les développements de la situation politique, au lendemain des élections législatives qui ont été remportées par le Parti populaire (PP), mais sans majorité.
‘Les partis se positionnent”, titre El Pais, qui indique que les différentes formations politiques ont entamé des négociations ‘sans lignes rouges”, afin de nouer des coalitions permettant d’investir un gouvernement.
Son confrère El Mundo écrit que le président du gouvernement sortant et chef du Parti populaire, Mariano Rajoy, envisage de proposer à Ciudadanos et au Parti socialiste ouvrier espagnol un pacte constitutionnel contre le parti d’extrême gauche Podemos et les formations séparatistes.
Dans le même sillage, le quotidien ABC souligne que pour Rajoy la seule priorité est de former un gouvernement stable par le biais de ‘négociations flexibles” avec les partis concernés, ajoutant que le chef de l’exécutif sortant a proposé également une rénovation de la direction du Parti populaire.
Quant à La Razon, il relève que le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, compte nouer un ‘pacte social” avec Podemos, mais sans le soutien de l’un des poids lourds de la formation socialiste, à savoir la présidente du gouvernement régional de l’Andalousie, Susasa Diaz.
En France, Le Monde, qui titre ‘après les élections, l’Espagne en quête d’une coalition inédite”, relève qu’arrivé en tête, le Premier ministre sortant Mariano Rajoy devra former une coalition très hypothétique.
Mais, plus que cette perte de majorité, c’est l’éclatement de quarante ans de bipartisme espagnol qui marque ces législatives qui font entrer le pays dans une période de grande incertitude, indique la publication, estimant qu’avec ce vote pour des nouveaux partis, les Espagnols ont voulu tourner la page de la crise qui heurte le pays depuis 2009.
Sous le titre ‘L’Espagne laissée sans gouvernail”, Libération écrit qu’avec une droite en tête mais isolée, des socialistes talonnés par Podemos et des centristes en position d’arbitre, les partis vont devoir apprendre à faire des compromis s’ils veulent former un gouvernement.
Après trente-sept ans d’alternance quasi mécanique entre les hégémoniques partis socialiste et populaire, la gouvernabilité passe forcément par des grands écarts, des renoncements, des compromissions, souligne le journal.
Même son de cloche chez Le Figaro qui titre ‘l’Espagne face au risque d’ingouvernabilité” écrit qu’aucune alliance à droite ou à gauche ne paraît en mesure d’obtenir une majorité au congrès des députés.
Pour sortir de cette impasse, deux options se dégagent : soit l’un des blocs parvient à convaincre les petits partis régionalistes catalans, basques et canariens de les appuyer ou la rupture, au moins tacite, de l’un des blocs, explique le quotidien, précisant qu’une grande coalition à l’allemande, PP-PSOE, a été écartée pendant la campagne par les principaux intéressés. Mais si trois des quatre grands partis votent ou s’abstiennent ensemble, la situation se débloque.
Aux Pays-Bas, la décision de l’UE de prolonger de six mois les sanctions commerciales contre Moscou retient l’attention de la presse locale.
De Volkskrant rapporte que l’Union européenne a prolongé de six mois les sanctions imposées à la Russie qui devraient expirer fin janvier prochain, ajoutant que cette décision prise vendredi dernier, a été approuvée lundi par le conseil des ministres des 28.
L’AD, qui commente également la décision de l’UE à l’égard de la Russie, se fait l’écho de la déclaration du chef de la diplomatie néerlandaise, Bert Koenders, qui l’a qualifiée de ‘signal important, claire et sans équivoque” vis-à-vis de Moscou.
La pression devrait être maintenue sur la Russie qui continue à jouer un rôle crucial dans le conflit entre l’Ukraine et les séparatistes pro-Moscou, souligne le ministre, cité par le journal. Le NRC, qui rappelle que les Européens exigent que Moscou respectent ses engagements inclus dans le plan de paix de Minsk, indique que l’UE conditionne tout assouplissement de ces sanctions économiques au fait que Moscou pousse les séparatistes à négocier pour trouver une issue à la crise.