La grande mosquée d’Alger: Un projet pharaonique qui pourrait coûter l’équivalent de 40 hôpitaux

Les polémiques ne finissent pas de s’enchaîner, semaine après semaine, avec la régularité d’une montre suisse. La Grande mosquée d’Alger, surnommée « mosquée Bouteflika » tant ce gigantesque projet est né de la volonté du chef de l’Etat, accumule les retards et les surcoûts, suscitant la colère des citoyens.
Il faut dire que, dès le début, la barre a été placée très haut. L’idée était de construire l’une des plus imposantes mosquées du monde musulman, et surtout plus imposante que la mosquée Hassan II à Casablanca. Le minaret à lui seul doit ainsi dépasser celui de sa rivale maghrébine de 55 mètres pour culminer à… 265 mètres. Outre le minaret, tout est pharaonique dans ce projet : la salle de prière devrait accueillir 120 000 fidèles par jour et le parking pourra contenir quelques 4000 voitures ! Cela sans compter les bibliothèques, le centre culturel islamique, la maison du Coran, etc.
Pourtant, rien n’avance comme prévu. La zone géologique serait trop fragile et pourrait conduire à des glissements de terrain. Les maîtres d’oeuvre (désormais une société algéro-chinoise) ont changé sans raison apparente, ce qui ravive la crainte de corruption. Malgré les déclarations rassurantes des autorités annonçant régulièrement la progression du chantier, les travaux prennent énormément de retard… allongeant d’autant les coûts qui sont eux aussi, à l’image du projet : pharaoniques. Evalué à 1 milliard d’euros au début, le coût réel pourrait les dépasser allègrement et atteindre les 2, voire 3 milliards d’euros.
Mais voilà, l’Algérie n’est plus riche et n’a plus de ressources infinies. L’époque où les grands projets étaient financés sans ciller par la manne d’un pétrole dont le cours s’élevait à 100 voire 110 dollars le baril est révolu. Aujourd’hui le pétrole vaut environ 40 dollars et le pays est en crise économique. Les revenus pétroliers ont ainsi chuté de 40% en 2016 et le déficit du commerce extérieur ne cesse de se creuser. La dépendance extrême du pays à l’égard de l’or noir crée une situation très délicate, et de plus en plus tendue pour les finances publiques. Le gouvernement prévoit d’ailleurs de réduire les dépenses, de faire des économies, et envisage déjà de rogner prochainement sur les dépenses sociales. C’est inévitable pour préserver l’équilibre, assure la Banque mondiale. Dans ce contexte, le projet de la grande mosquée fait figure de lubie coûteuse et inutile. 1 milliard d’euros, c’est l’équivalent, peu ou prou, du coût de 20 hôpitaux à 50 millions dollars (le coût moyen d’un hôpital en Algérie est de 50 à 100 millions de dollars). 2 milliards, c’est 40 hôpitaux…
Chouf chouf