Alors que plusieurs pays, dont les Émirats arabes unis, ont proposé de voler au secours de la province du sud de l’Inde frappée par des inondations historiques, New Delhi fait preuve d’une “fierté déplacée”, estime le Times of India.
Anéanti par les pires inondations qu’il ait connues en un siècle, le Kerala, État du sud de l’Inde, prend la mesure des dégâts. Selon le Times of India, “onze des quatorze cantons” de la région ont été touchés. “Le débordement des rivières et les éboulements de terrain ont endommagé routes, ponts et réseaux d’électricité dans les parties les plus vallonnées”. Autre chiffre qui donne la mesure de la catastrophe qui a démarré le 8 août et qui vient de prendre fin : « Un million de gens ont été accueillis dans plus de 3 000 centres d’urgence et beaucoup d’entre eux ne sont pas en mesure de retourner à leur domicile ».
C’est dans ce contexte très difficile que le gouvernement de l’Inde, dirigé par Narendra Modi, a annoncé mercredi 22 août qu’il refuserait tout soutien financier venant de l’étranger. La veille, rappelle le Times of India, les Émirats arabes unis, “où travaillent de nombreuses personnes originaires du Kerala”, avaient offert “une aide financière de 7 milliards de roupies”, soit un peu plus de 86 millions d’euros. Une somme conséquente mais qui n’est “qu’une fraction de ce dont le gouvernement régional a besoin”, fait remarquer le journal.
Même les États-Unis avaient reçu des aides après Katrina
La position de New Delhi n’est hélas pas nouvelle. En décembre 2004, à la suite du tsunami qui avait frappé toute l’Asie du sud et du sud-est, l’Inde “avait décliné les propositions venant des gouvernements étrangers et des agences internationales”, estimant que “l’effort national” suffirait à surmonter l’épreuve. Le Japon, lui, n’a pas eu tant de pudeur après le tsunami de mars 2011 : “Il n’avait pas hésité à accepter l’aide de l’Inde sous la forme d’équipes de secours et d’aides en nature”, rappelle le Times of India. Même les États-Unis avaient reçu des aides internationales après l’ouragan Katrina, en 2005.
S’agissant du Kerala, les autorités ont “la lourde tâche de remettre en marche les services publics et de remettre les gens sur pied”. Il va falloir débarrasser des dizaines de milliers de maisons des limons déposés par les eaux, mais également s’assurer que les centres d’hébergement provisoire continueront à être suffisamment approvisionnés et éviter le développement des épidémies. En refusant d’être aidé, conclut le Times of India, le gouvernement Modi fait preuve“d’un sentiment de fierté déplacé”.