La guerre des clans en Algérie est entrée dans une nouvelle phase dangereuse avec une presse aux ordres qui se lâche avec virulence contre le général Toufik, celui-la même qui est, jusqu’à tout récemment, considéré comme l’homme le plus puissant et le plus craint du pays.
Comme par hasard, plusieurs titres ont asséné lundi les premiers coups de griffe à cet ancien patron du Renseignement qui a osé briser vendredi son silence légendaire, deux mois après son limogeage.
Le général Mohamed Mediene, surnommé Toufik ou « reb dzayer » (« dieu de l’Algérie ») pour ses immenses pouvoirs à la tête du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) pendant un quart de siècle, a publié une lettre ouverte pour défendre l’honneur de ses adjoints, notamment l’ex-chef de l’antiterrorisme condamné à cinq ans de prison ferme.
« L’homme est dégalonné et ne pèse rien sauf comme témoin d’époque ou comme une boîte noire pour archives », cingle l’écrivain-chroniqueur Kamel Daoud dans Le Quotidien d’Oran.
« Cet homme qui a le culte du secret a fini par prendre la parole et entrer en opposition contre cette monarchie » qu’il a « fabriquée, assistée, soutenue, aidée et dont il va payer le prix comme de nombreux de ses pairs » car « c’est la règle du jeu de Bouteflika (Abdelaziz, le chef de l’Etat): pas d’amis, seulement des adversaires en sursis », poursuit le chroniqueur.
Le quotidien El-Watan ironise sur le sentiment du général déchu qui s’est dit « consterné » par la condamnation d’un de ses adjoints, le général Hassan.
« On a du mal à croire que cet ancien +homme fort+ du régime puisse un jour connaître ce sentiment », commente le journal.
Et au journal, qui a souvent défendu le DRS, de rappeler des moments de « consternation » qu’il n’avait pas éprouvé contrairement à ses anciens compagnons.
« Celles par exemple qui se sont exprimées contre le troisième mandat de Bouteflika, après un amendement de la Constitution. »
« Sous la supervision personnelle du général Toufik, une parodie électorale a été organisée avec un système de fraude sophistiqué » et « le général s’est cru définitivement installé comme le bras droit du président de la République et un élément incontournable du système en place ».
Le journal rappelle aussi la « consternation » qui avait frappé l’ancien chef de l’état-major de l’armée, le général Mohamed Lamari (décédé) et d’autres hauts gradés « lorsqu’ils ont compris que Toufik les avait lâchés pour soutenir le deuxième mandat de Bouteflika » en 2004.
Plus sobrement, le quotidien gouvernemental El Moudjahid s’en prenait à la « violence langagière » de certaines personnalités politiques ou d’anciens militaires.