Festival International du Film de Marrakech: Coup de gueule des professionnels marocains

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas du côté de la 15ème édition du Festival International du Film de Marrakech. Tapis rouge et paillette, Marrakech est en fête, le cinéma mondial fait sa fête sur la terre de la ville ocre et continue de transmettre des messages de tolérance, de partage et de coexistence.
Fidèle à une réputation forgée au fil des quatorze dernières années par la présence effective de grands « magiciens » du grand écran, du 1er , Martin Scorsese en 2001, au dernier, Francis Ford Coppola en 2015 , le FIFM allie l’élégance dans le choix des films en lice pour l’étoile d’or, à la carrure des célébrités du monde du cinéma, venus apporter science et joie de vivre à un festival, désormais inscrit dans le calendrier des grands rendez-vous cinématographiques au monde.
Si le FIFM est devenu le RDV cinématographique par excellence au Maroc, la présence de célébrités qui ont fait et qui continuent de faire la gloire du cinéma est, faut-il le rappeler encore une fois, une opportunité de taille pour les professionnels du cinéma marocain d’aiguiser leur expérience et de jauger la pratique du métier en tant que réalisateur, producteur, scénariste, acteur ou technicien par la partage direct et la confrontation des expériences. Toutefois l’ostracisme qui a empreint la présente édition, et le cordon ultra sécuritaire qui accompagne les stars internationales présentes au festival, au nom d’un quelconque souci de protection à érigé un rideau de fer entre ces stars d’outre-mer et les professionnels marocains. Partagés entre satisfaction du niveau de maturité atteint par le FIFM comme l’a souligné Bachir Ouakil et la frustration de ne pouvoir approcher et communiquer directement avec un Coppola, une Aterton ou un Murray, comme nous l’a amèrement avoué Farah El Fassi, certains acteurs marocains n’ont pas manqué d’exprimer leur déception à certains niveaux organisationnels. L’impression d’être invité au FIFM pour faire les « comparses », pour emprunter un jargon du cinéma, fait son chemin dans les esprits de plusieurs acteurs marocains, qui sont allés jusqu’à se sentir « étrangers » à leur propre fête, ce qui a fait dire à Mohamed Choubi, que les professionnels marocains ne sont pas valorisés dans un festival censé servir l’intérêt du cinéma marocain donc ses pourvoyeurs d’abord nationaux. Omar Lotfi, sublimé par la découverte du cinéma canadien, à l’honneur de l’édition 15 du festival reproche tout de même l’approche trop protectrice des organisateurs vis-à-vis des stars invités.
Parti pour être une aire de grande joie cinématographique, le FIFM, cette édition, et bien que le défi de l’organisation est à saluer, la hantise du principe sécuritaire, notamment à l’intérieur des espaces destinés aux projections, aux débats et aux master class a conféré aux travaux du festival un arrière-goût d’inachevé, de travers.