Espionnage: Apple et Google suppriment l’application émiratie ToTok

Particulièrement populaire au Moyen-Orient, l’application de messagerie mobile ToTok servirait d’outil d’espionnage au gouvernement des Émirats arabes unis.
Elle est rapidement devenue très populaire au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde, avec plusieurs millions de téléchargements en seulement quelques semaines. Pourtant, ToTok, une application mobile de messagerie, serait un outil d’espionnage utilisé par le gouvernement des Émirats arabes unis, selon une enquête publiée par le New York Times mardi 24 décembre. Elle lui permettrait notamment de suivre les conversations des utilisateurs, de connaître leur position GPS ou encore de visualiser leurs images et vidéos à leur insu.
Introduit il y a quelques mois, ToTok – à ne pas confondre avec TikTok, une autre application tout aussi populaire de partage de vidéos – s’est particulièrement imposée chez les utilisateurs de smartphones des Émirats arabes unis, mais aussi chez plusieurs millions d’utilisateurs d’autres pays du Moyen-Orient, ainsi qu’en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique du Nord. Après la publication de l’enquête du New York Times, l’application a fini par être supprimée, lundi 23 décembre, des magasins d’applications de Google et d’Apple. Les personnes qui l’ont déjà installée sur leurs smartphones pourront tout de même continuer à l’utiliser.
Une enquête ouverte au FBI
Dans son rapport, le New York Times révèle que l’application ToTok est l’œuvre de Breej Holding, une société-écran derrière laquelle se cachent DarkMatter et Pax Al, deux entreprises dont les locaux se situent à Abou Dabi et qui sont liées aux services de renseignements émiratis. DarkMatter emploie notamment d’anciens agents de la NSA et du renseignement militaire israélien. L’entreprise est également sous le coup d’une enquête du FBI pour cybercrimes.
Dans un message partagé lundi 23 décembre, ToTok ne dément aucune des accusations d’espionnage et affirme respecter « les obligations légales locales et internationales » dans le domaine de la protection de la vie privée, sans pour autant préciser lesquelles. Google a contredit cette assertion, en déclarant à l’Agence France-Presse que l’application avait été supprimée pour « un problème de règles ». Selon plusieurs experts, interrogés par le New York Times, « le développement de ToTok a montré que les gouvernements peuvent se passer d’un intermédiaire pour surveiller leurs cibles, qui volontairement, du moins sans le vouloir, leur donnent leurs informations ».