Covid-19: Trois questions à un représentant du secteur des salles de sport

Suspendu durant une longue période à cause de la Covid-19, le secteur des salles de sport a été fortement affecté par la crise. Le secrétaire général de l’Association marocaine des professionnels de l’industrie du fitness et de la remise en forme (AMPIF), Anis Khalil, revient sur cet impact tout en expliquant les différentes mesures prises par l’Etat pour venir en aide aux professionnels.
Quel impact a subi le secteur des salles de sport durant la pandémie ?
Le secteur des salles de sport fait partie des secteurs qui ont subi et continuent de subir de plein fouet les conséquences des mesures prises dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19. Comme nous le savons tous, les clubs de sport dans certaines régions du Maroc ont été obligés de fermer durant dix mois voire plus, comme ce fut le cas dans les villes de Casablanca, Mohammedia, Agadir et Kénitra.
Ces longs mois de fermeture ont pesé lourdement sur la trésorerie des salles de sport, chose qui a poussé plusieurs enseignes à mettre la clé sous la porte, alors que plusieurs autres sont toujours menacées. Ce qu’il faut savoir c’est qu’une bonne partie des salles de sport fonctionne principalement grâce aux recettes des abonnements annuels. Mais les clubs ont été contraints à supporter les charges dans leur totalité, alors qu’ils ont restitué aux clients une partie ou l’ensemble des mois perdus à cause de la fermeture. Que ce soit pour les anciens ou pour les nouveaux clients, nous avons remarqué que l’engouement envers la reprise sportive a été beaucoup moins prononcé que prévu et cela est expliqué par plusieurs facteurs. D’abord, une partie des clients a perdu l’habitude de faire du sport et s’est habituée à un rythme de vie plus sédentaire, une autre partie s’est équipée de matériel et opte dorénavant pour la pratique du sport à domicile et puis il y a certains qui ne trouvent plus le temps d’arriver au club après le travail, vu les horaires imposés par le couvre-feu. Ce qui est le plus dangereux pour l’ensemble du secteur, c’est qu’on va tout droit vers la saison creuse du fitness (juillet et août) en n’ayant toujours pas récupéré des longs mois de fermeture.
Comment les différents acteurs du secteur survivent aujourd’hui ?
La majorité des acteurs ont puisé dans leurs économies personnelles. Certains ont contracté des dettes, que ce soit auprès de leurs banques, de leur famille ou amis. Chacun s’est arrangé comme il a pu.
Ce qu’il faut retenir c’est qu’il faut plusieurs années pour résorber les pertes engendrées par les longs mois de fermetures et une bonne partie du secteur travaille toujours à perte à ce jour. En effet, nous travaillons toujours avec un maximum de 50% de notre capacité.
Après de longs mois de fermeture, nous avons rouvert avec des horaires et une capacité restreints, moins d’un mois avant le début du Ramadan durant lequel nous avons perdu toute la clientèle qui ne pouvait pas s’entraîner avant la rupture du jeûne, et maintenant nous devons nous préparer à la basse saison qui arrive à grands pas, soit les mois de juillet et août pendant lesquels les gens préfèrent voyager ou pratiquer le sport en plein air.
Quelle aide a été présentée par l’État?
L’Etat a proposé plusieurs aides au secteur. D’abord, il y a eu l’indemnité forfaitaire à hauteur de 2.000 dirhams destinée aux salariés du secteur déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) au mois de février 2020. Ensuite, pour les clubs se situant dans certaines villes du Royaume, ayant pu ouvrir durant la période de pandémie, le Comité de veille économique (CVE) a proposé le report du paiement des cotisations dues à la CNSS liées à la période du 1er juillet 2020 au 31 mars 2021, avec remise gracieuse des majorations de retard ainsi qu’une exonération de l’assiette des cotisations de la CNSS du complément de la rémunération au profit des salariés et stagiaires sous contrat d’insertion jusqu’au 31 mars 2021.
Concernant le volet bancaire, il y a eu également les crédits “Damane Oxygène” et “Damane Relance”, ainsi que de la mise en place d’un moratoire pour le remboursement des échéances des crédits bancaires et de leasing.
Le secteur avait certainement besoin de telles mesures. Cependant, les aides qui ont été accordées vont uniquement aux employés. Pour les employeurs, les mesures mises en place se résument au report des échéances de paiement ou à l’accès au crédit bancaire.
Voilà pourquoi de plusieurs entités ont préféré mettre la clé sous la porte cette année, au lieu de subir le poids des crédits durant les mois ou années qui suivront.
Propos recueillis par Hajar ERRAJI