COVID-19 : Le secteur du tourisme est-il condamné ?

320 milliards de dollars, voici le montant des pertes pour le tourisme mondial de Janvier à Mai, selon l’Organisation Mondiale du Tourisme. Des pertes colossales, dont le Maroc a aussi souffert. Le tourisme au Royaume s’éteint lentement.
Selon Abdellatif Kabbaj, président de la confédération nationale du tourisme, c’est 9000 entités touristiques qui ont été touchés lourdement, engendrant une perte d’environ 34 milliards de dirhams.
Un constat qui a été confirmé par la ministre de Tourisme, Nadia Fettah Alaoui, qui a confirmé la chute de l’ordre de 45% du nombre des touristes étrangers, au cours des quatre premiers mois de l’année en cours, ainsi qu’une baisse des nuitées de 42%. Depuis la fermeture des frontières, ces chiffres sont passés à 100%, sachant qu’aucun touriste ne peut accéder au Royaume actuellement.
Quid du tourisme intérieur ?
Le gouvernement, depuis la fermeture des frontières, parie sur le tourisme intérieur pour essayer de compenser les pertes faramineuse du secteur. Malheureusement, l’offre est loin d’être mure et mature. Prix élevés, prestations de qualité moindre, infrastructures manquantes, le tourisme intérieur marocain est loin de satisfaire les éventuels « touristes marocains ».
Mehdi, dirigeant d’une agence de voyage à Rabat, affirme qu’il s’agit « d’une non gestion totale du gouvernement, qui a peur de décider ». Selon lui, « les petits acteurs sont délaissés, et les aides se dirigent encore une fois vers les grands du marché, qui ont paradoxalement moins besoins d’aide que nous les petites structures ».
A la tête d’une agence de voyage proposant des voyages verts, éco-responsable et avec une implication sociale, Mehdi a vu sa clientèle, majoritairement étrangère, disparaitre du jour au lendemain. Cependant, « même si nous essayons de réorienter notre offre vers le tourisme intérieur, il est impossible de réussir aux vues des différentes restrictions et à l’opacité du gouvernement concernant ces décisions. Comment un marocain peut planifier sereinement ses vacances si il n’est pas sur de pouvoir rentrer chez lui, et ce même dans son propre pays ? », questionne le chef d’entreprise.
En effet, depuis la recrudescence des cas de COVID-19, plusieurs villes ont été bloqués du jour au lendemain. Mais le déplacement dans les zones du Maroc reste un marasme total. Entre nécessité d’obtenir une autorisation et le manque de transparence sur les décisions du gouvernement, le tourisme intérieur est pour l’instant condamné à l’échec.