Corruption : Benkirane reconnaît un énième échec et se fourre la tête dans le sable

Le gouvernement a échoué dans sa lutte contre la corruption dans les carrières de sable. Cette révélation n’émane pas d’un parti politique de l’opposition, mais du chef du gouvernement lui-même. Il l’a faite lors d’une rencontre organisée avant-hier à l’Institut supérieur de l’information et de la communication. Un aveu qu’il faut généraliser à tout le processus de lutte contre la corruption comme en attestent différents rapports des organismes internationaux compétents.
A titre d’exemple, le rapport de Transparency avait affirmé que le Maroc a chuté de 8 places en 2015 par rapport à 2014. Avec un score de 36/100, il a été classé à la 88ème place ex aequo avec des pays comme l’Albanie, l’Algérie, l’Egypte, l’Indonésie, le Pérou et le Surinam.
Le PJD avait pourtant promis durant sa campagne électorale de 2011 de combattre la corruption et l’économie de rente. Mais le bilan du gouvernement qu’il préside est fort décevant dans ce domaine.
Déjà en 2012, une déclaration de Benkirane sur la chaîne qatarie Aljazeera en avait irrité plus d’un. Il y avait promis de tourner la page de la lutte contre la corruption en affirmant péremptoirement que «Dieu pardonnera ce qui s’est passé, et que si quelqu’un récidivait, Dieu se vengerait de lui. Telle est ma politique de lutte contre la corruption, et j’en suis fier».
Face aux étudiants de l’ISIC, il a également dérapé sur un autre sujet en commentant et en prenant position dans une affaire qui est encore soumise à la justice.
Il a, dans ce sens, condamné les étudiants qui avaient agressé récemment deux filles à l’Université de Meknès avant même que le tribunal compétent ne se soit prononcé. Il a également qualifié les mis en cause de « criminels » alors que son statut de chef de gouvernement l’oblige à la neutralité et au respect du pouvoir judiciaire.
Mais, comme à son accoutumée, il agit toujours comme chef d’une faction politique qui n’a de cesse de chercher à tirer profit de tous les évènements qui secouent l’opinion publique en caressant dans le sens du poil sa frange la plus rétrograde comme il l’a fait dans le dossier du caïd de Deroua. «Il faut faire attention à certaines parties qui défendent ces criminels. Je les nomme criminels parce qu’ils le sont vraiment. Ces parties les défendent parce qu’elles ont des affinités politiques avec eux ou parce que ces derniers leur rendent des services électoraux. Cela équivaut à jouer avec le feu », a-t-il dit en substance. Mais ce qui est plus grave et choquant, c’est que le chef du gouvernement a osé demander aux juges d’être sévères envers ces mis en cause. Ce qui signifie en d’autres termes qu’il empiète ouvertement sur les attributions du pouvoir judiciaire.
T.Mourad
libe.ma