Bataille de Boughafer: Illustration de la résistance héroïque de la tribu Aït Atta

Le peuple marocain, et en premier lieu la famille de la résistance et les habitants de la province de Tinghir, commémorent, mardi, le 83è anniversaire de la bataille de Boughafer, conduite par les combattants des tribus d’Ait Atta imbues d’une volonté d’acier de défendre l’indépendance de la patrie et de lutter pour la préservation de ses valeurs sacrées.
Cette bataille qui constitue l’une des pages rayonnantes et éternelles du registre de l’histoire du Maroc riche d’épopées glorieuses et un fait imminent dans l’histoire de la résistance marocaine dans sa quête de la liberté, l’indépendance et la réalisation de l’unité nationale sous la direction du trône alaouite, donne l’exemple aux générations montantes afin de poursuivre sur le même chemin et de s’imprégner des valeurs nobles véhiculées par ce genre de batailles qui font la fierté de tous les marocains, indique un communiqué du Haut commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération (HCAR), publié à cette occasion.
La commémoration de cet évènement historique vise à renforcer l’attachement de la jeunesse et de la nouvelle génération à leur mémoire nationale, afin de s’inspirer de ses valeurs éternelles, consolider les acquis de la nation, préserver l’unité territoriale, faire face aux défis du développement global, durable et intégré et relever les nouveaux édifices du Maroc sous la haute impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
La célébration de cette bataille, qui constitue une fierté pour l’ensemble des Marocains et un héritage national, par sa symbolique et sa valeur historique éternelle, permet de rappeler les épopées du combat national pour l’indépendance et l’unité nationale, s’inspirant des valeur de persistance, de mobilisation globale et d’attachement solide du peuple marocain à la patrie, du Sahara au nord du Royaume, et une occasion de raviver ses sentiments de dévouement permanent pour l’unité nationale constante, forte et solide face aux tentatives des adversaires, souligne le HCAR.
En effet, la commémoration du 83è anniversaire de Boughafer, revêt une importance spéciale cette année, à l’hombre de la mobilisation nationale persistante autour de la question du Sahara, confirmée par SM le Roi, dans le discours prononcé depuis la ville de Laayoune, le 06 novembre 2015, à l’occasion de l’anniversaire de la Marche verte.
Cet anniversaire coïncide également avec les réactions officielles, nationales et internationales et la grande mobilisation populaire traduite par la manifestation de Rabat et des autres villes marocaines, notamment à Laâyoune, condamnant les propos partiaux et provocateurs et les dérapages verbaux du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, lors de sa dernière visite dans la région.
En remémorant les faits historiques de cette bataille, le HCAR a rappelé que les forces armées françaises ont tenté de pénétrer dans la région du Sud-est, le 13 février 1933, et ‘imposer leur domination à la région de Saghrou, aux tribus Ait Atta qui ont fait obstacle à leur déploiement après qu’elles aient lancé leur première attaque contre les combattants qui se sont réfugiés à Jebel Saghro en tant que place stratégique au relief impraticable leur facilitant la confrontation avec l’ennemi.
Par ce refuge, ils signifiaient leur refus de se soumettre à l’occupant qui n’était pas parvenu, malgré ses armes destructrices, ses légions en ligne et ses appareils militaires sophistiqués, à briser la cohésion des combattants, maintenue grâce à leur foi inébranlable en la justesse de leur cause et à leur attachement indéfectible aux valeurs nationales et aux principes religieux.
Et c’est ainsi que les forces de l’occupation ont essuyé la plus odieuse des défaites où les victimes, entre morts et blessés, se comptaient par centaines.
Dans ce sens, l’un des officier français, le capitaine De Bournazel en témoigne: “les combats étaient intenses et les forces coloniales avaient subi des pertes importantes”, poursuivant, “nous nous cachions entre les rochers durant la nuit, nous avions devant nous un grand nombre d’ennemis et nous avions demandé des renforts”.
Pour sa part, l’académicien français Henri Debordeau raconte que “les forces coloniales n’ont pas pu atteindre leur but, car la résistance était non seulement acharnée, mais encore hautement organisée”.
Face au courage et à la hargne des résistants bravant la mort, il devenait impossible aux forces de l’occupation de prendre d’assaut le mont Boughafer. Elles n’avaient pour autre solution que le repli afin de disposer d’autres plans, de rectifier ce qui peut l’être des erreurs pour tenter de rattraper la situation. Partant, le général Hory, en tant que commandant des forces d’occupation françaises, fit appel aux généraux Katu et Girot et se chargea lui-même des opérations, non sans bombarder au mortier les positions des résistants par l’artillerie lourde et les assiéger par l’artillerie et l’aviation pendant plus de trois jours, du 21 au 24 février 1933. C’était en vain. Ni les résistants ni leurs familles ne s’étaient rendus aux sommations du général.
Face à cet idéal esprit combatif, le commandant en chef de la région de Marrakech, blessé dans la bataille, avait dû abandonner la direction des opérations. Mais les attaques contre le mont Saghro se sont poursuivies : des bombardements ininterrompus, de jour comme de nuit, le siège se rétrécissait de plus en plus, après la fermeture, par l’armée française de tous les accès. Ce qui ne fit que renforcer la détermination des résistants dans leur combat et de stimuler leur dynamisme, surtout après qu’ils aient appris la mort de l’officier Bournazel dans le champ de bataille.
L’armée française, convaincue à ce moment qu’elle ne pouvait retourner la situation en sa faveur, a décidé alors l’embargo économique en contrôlant les points d’eau et les sentiers de passage des militants. Ce siège n’a pas été sans provoquer plusieurs morts dans les rangs des assiégés, surtout parmi les vieillards et les enfants.
Cependant, cette situation n’a pas pu anéantir la bonne volonté des combattants ni leur résistance, jusqu’à ce que l’ennemi décida de recourir au dialogue avec les tribus rebelles, le 24 mars 1933, et déclara la trêve, et démarra les négociations avec le chef des combattants, Assou Oubasslam, qui ont conduit à une solution pacifique des deux côtés, avec des conditions garantissant la liberté et respectant la dignité des tribus d’Ait Atta et leurs familles.