Au pays de l’arganier, la COP22 suscite mille espoirs

Dans la localité d’Ait-Baha, Fadna et ses collègues de la coopérative féminine T’argant (arganier en berbère) s’activent pour une autre journée de dure labour : Concasser, torréfier puis extraire le précieux liquide aux vertus cosmétiques, médicinales et culinaires. La vente de l’huile d’argan a permis à ces femmes rurales de générer des revenus et d’améliorer leurs conditions et celles de leurs familles.
«Plus qu’une source de revenus, l’arganier est pour nous une source de vie», affirme Fadna, la cinquantaine passée.
Sous une chaleur anormale en cette période de l’année, cette mère de deux enfants ne cache pas son inquiétude face à la sécheresse qui guette cette espèce qui, rappelle-t-elle avec fierté, ne pousse que dans cette partie du Maroc et nulle part au monde.
«Les dégâts causés par les animaux sont aussi un réel danger », s’empresse-t-elle aussitôt de rappeler au passage de quelques dromadaires qui viennent brouter dans la forêt.
Et pour cause, les aléas climatiques en cette région semi-aride, les modes d’exploitation comme les cultures, la cueillette excessive, le surpâturage, et le déboisement ainsi que l’urbanisation constituent autant de défis de taille à l’énorme travail de conservation de cet arbre endémique, véritable rempart contre la désertification.
Pour les membres de la coopérative d’Ait-Baha comme bien d’autres associations et ONG locales, la COP22 à Marrakech suscite un immense espoir pour favoriser davantage d’actions d’adaptation, d’atténuation et d’amélioration de la gestion de l’arganier.
Il était primordial de faire entendre la voix de cet espace forestier unique lors de la messe planétaire.
La forêt d’arganereaie, qui s’étale sur 2,5 millions d’hectares environ, renferme un patrimoine naturel et culturel précieux. Elle a été reconnue en 1998 par l’UNESCO comme la première réserve de biosphère du Maroc.
Sous la direction du Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, un effort gigantesque a été consenti pour la conservation des écosystèmes de l’arganier, le développement socio-économique local par la valorisation des patrimoines naturels et culturels, outre le développement de programmes de recherches scientifiques.
De l’avis des experts, l’influence de la biosphère sur l’atmosphère et le réchauffement climatique est déterminante.
La modification des couverts forestiers et herbagers est responsable de près de 25 pc des émissions de gaz à effet de serre et diminue durablement la quantité de carbone stockée dans les écosystèmes.
La réserve de biosphère de l’arganeraie constitue de point de vue un observatoire du changement climatique et du développement durable.
« Etant la conférence de l’action, la COP22 constitue une opportunité pour démontrer le rôle de l’arganeraie, à l’instar des autres réserves de biosphère, en tant qu’espace territorial de recherche de solutions innovantes en matière d’adaptation et d’atténuation au changement climatiques », a-t-on indiqué lors de l’atelier initié en collaboration avec l’Agence de coopération internationale allemande pour le développement (GIZ).
Dans ce sens, l’initiative marocaine annoncée lors de la COP22 vient à point nommer pour traduire l’élan international pour protéger, restaurer et gérer durablement les forêts.
Il s’agit de l’«Action renforcée en faveur des forêts dans la région méditerranéenne et sahélienne dans le contexte du changement climatique (AFMS)” qui vise, selon Abdeladim Lhafi, Haut-Commissaire pour l’eau, les forêts et la lutte contre la désertification, à aider les pays à atteindre leurs engagements multilatéraux sur les forêts.
Ces objectifs incluent à la fois des mesures d’adaptation et d’atténuation dans le cadre de l’Accord de Paris, ainsi que des investissements climatiques pour améliorer la gestion des forêts et renforcer la résilience des communautés qui y en dépendent.
A Ait-Baha, comme pour le reste du pays de l’arganier, l’espoir est grand qu’une telle initiative permette de conforter l’effort en cours pour préserver le système écologique de la région et permettre de léguer aux générations futures cette ressource forestière fort précieuse.
Omar Achy