Assistants et robots sont en train de signer la fin des applications sur smartphone

Depuis la sortie de l’iPhone 3G en 2008, les applications sur smartphone se sont petit à petit imposées comme la porte d’entrée principale vers internet. A tel point qu’en 2010, Wired affirmait carrément que le Web était mort, vingt ans après sa naissance.
L’article avait provoqué une grande polémique, et même si le web est encore vivant aujourd’hui, le fait est que les applications mobiles des Netflix, Facebook & cie ont remplacé le “WWW” comme page d’accueil d’Internet. Mais pour combien de temps? De nombreuses études montrent que des centaines de milliers applications ne sont pas téléchargées et qu’une majorité n’est ensuite même pas utilisée.
Et ça, Facebook, Microsoft et autres Google l’ont bien compris. Depuis quelques mois, il semble que la nouvelle direction prise consiste à vous éviter d’avoir à ouvrir une application pour accéder à un service. Grâce à des “chatbots” ou des assistants personnels.
Les robots Facebook et l’exemple chinois
Le 12 avril dernier, l’une des principales annonces de Mark Zuckerberg concernait justement les chatbots, des intelligences artificielles limitées avec lesquelles il est possible de dialoguer via la messagerie instantanée Messenger.
L’intérêt de ces robots messagers? Pour les marques, de pouvoir vous donner une information personnalisée. A terme, vous aider à trouver un bouquet de fleur, un billet d’avion, un article. Bref, vous éviter d’avoir à ouvrir une application. La SNCF travaille sur le sujet, même si au début, le service se limitera à recevoir des informations sur son billet et avoir une aide personnalisée.
Le 10 mai, Stan Chudnovsky, en charge de Messenger, a affirmé que “des dizaines de milliers” de développeurs sont en train de préparer des chatbots. Dans un autre registre, Google vient de lancer une application, Gboard, de clavier sur iPhone qui permet d’inclure des résultats de recherche dans un message sans avoir à lancer d’autre application.
Sceptiques? Pourtant, des centaines de millions d’internautes ont déjà sauté le pas en Chine. WeChat, le WhatsApp chinois aux plus de 600 millions de membres, est bien plus qu’une application de messagerie, comme le précisait TechCrunch en novembre dernier. Il est possible d’envoyer de l’argent, de commander un taxi (grâce à un partenariat avec le Uber chinois, Didi Kuaidi), d’acheter, de contacter un service client… Tout ça dans une simple application de messagerie.
Une seule application pour les gouverner toutes
C’est l’ambition de Facebook: que l’utilisateur n’utilise plus qu’une super application (la sienne) pour répondre à ses besoins. Evidemment, le réseau social n’est pas le seul sur le coup. Comme le rappelait en mars le Telegraph, Microsoft a annoncé l’arrivée prochaine de bots sur Skype.
Mais le PDG de Microsoft, Satya Nadella, va même plus loin. “Le langage naturel est la nouvelle interface utilisateur. Les bots sont comme des apps et les assistants digitaux comme des metas apps, ou les nouveaux navigateurs internet.” Les assistants en question ne sont autre que les Siri, Google Now ou encore Cortana (l’assistant de Windows 10).
Si les algorithmes arrivent de mieux en mieux à comprendre nos questions et à les interpréter, c’est grâce à une percée dans le domaine de l’intelligence artificielle, appelé le deep learning. Elle a notamment donné aux intelligences artificielles la reconnaissance instantanée du langage, des images, mais a également été l’outil de l’avènement de la machine sur l’homme au jeu de go. Depuis, les commandes vocales et assistants personnels n’en finissent plus de se développer.
Et justement, Microsoft affirme que Cortana, l’assistant personnel de Windows 10, pourra utiliser les bots de Skype pour répondre au mieux aux questions des utilisateurs. Facebook travaille aussi depuis quelques mois sur un assistant personnel (textuel et non vocal), nommé “M”, qui fonctionne sur un principe similaire.
Viv, le petit frère de Siri qui s’invite dans la cour des grands
Les assistants personnels de Google et Apple, Now et Siri, tentent eux aussi d’intégrer de plus en plus de services pour pouvoir répondre aux demandes des utilisateurs sans les obliger à devoir ouvrir plusieurs applications différentes. Mais le 9 mai, un nouveau venu s’est invité dans la cour des grands: Viv.
Ce nouvel assistant personnel ne vient pas de n’importe où: ses deux papas ne sont autres que les inventeurs de Siri, qui ont ensuite revendu leur société à Apple. Depuis, ils ont développé Viv, un assistant personnel qui promet d’être révolutionnaire.
Lors d’une présentation, les deux créateurs ont montré le potentiel de Viv. Après avoir montré à quel point le logiciel était efficace pour comprendre des requêtes compliquées et alambiquées, ils ont dévoilé des intégrations très poussées. Ainsi, en disant simplement “J’ai besoin d’une course pour 6 personnes de mon domicile jusqu’à Madison Square Garden”, Uber va proposer un VTC disposant d’au moins 6 places assises, le tout sans avoir à quitter l’application. Même pour valider et payer la course.
Viv intègre déjà des services de livraison de fleurs, de réservation d’hôtels, etc. A chaque fois, la recherche et l’achat peuvent se faire en quelques secondes, sans avoir à naviguer entre les applications. Surtout, les créateurs de Viv veulent en faire une plateforme ouverte où chaque société peut venir s’y greffer.
Certes, tous ces assistants et robots sont, en soi, des applications. Mais si la tendance s’accentue, le nombre d’icônes sur l’écran de nos smartphones devrait fondre comme neige au soleil dans les années à venir. Reste à savoir lesquelles seront encore présentes.
Grégory Rozières