Archives audiovisuelles: Composante essentielle de la mémoire collective

Les archives audiovisuelles, qui complètent les archives traditionnelles écrites, constituent une composante essentielle de la mémoire collective des peuples, ont souligné les participants à un séminaire international sur “la conservation des archives audiovisuelles, patrimoine et mémoire collective”.
De par leur fragilité, la sauvegarde et la préservation de ces archives requiert de déployer d’importants moyens humains, techniques et financiers, ont-il relevé lors de cette rencontre, qui connait la participation de plus de cinquante hauts responsables de la régulation dans 29 pays africains et européens francophones en plus du Canada.
A cette occasion, Mme Amina Lemrini Elouahabi, présidente de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), a expliqué que “notre intérêt et préoccupation s’expliquent par nos propres constats relatifs à l’état des lieux de la question et par les enjeux à la fois politiques, diplomatiques, économiques, techniques et pédagogiques des archives audiovisuelles dans nos pays”.
Le patrimoine audiovisuel complète les archives écrites-traditionnelles dans leur mission de construction et de développement de l’identité et de la mémoire collective et transcende les frontières linguistes et culturelles et les barrières liées à l’instruction et à l’éducation, a-t-elle dit, notant que cette particularité, riche en valeur ajoutée, contribue à démocratiser l’accès à l’information et au savoir et transformer les sociétés.
Rappelant qu’une autre particularité réside dans le fait que ces archives ont connu leur essor durant le 20è siècle marqué par des évènements majeurs à toutes les échelles, nationale, régionale et internationale, la présidente de la HACA a souligné que ces événements ont contribué à négliger, occulter ou disperser de nombreux documents audiovisuels, d’où l’importance, selon elle, de continuer à restituer des mémoires, reconstruire des archives et les conserver par des efforts nationaux et internationaux, y compris par la coopération et de partenariats entre États.
Elle a insisté sur la nécessité de mettre en place de dispositifs réfléchis qui garantissent à la fois la protection optimale et durable de ces archives et leur accessibilité au plus grand public, relevant que ce séminaire a un double objectif, à savoir celui de plaidoyer auprès des décideurs pour faire que cette question figure en tant que priorité au côté et non pas à la marge des autres défis auxquels le monde est confronté. Le second objectif est lié au renforcement des capacités par une profonde réflexion sur les meilleures méthodes de sauvegarde des archives audiovisuelles, a-t-elle précisé.
De son côté, M. Ibrahima Sy Savane, président de la HACA de Côte d’ivoire, a souligné que des efforts ont été entrepris depuis déjà des années afin d’éviter que la mémoire collective ne tombe dans l’oubliette, notant que dans le sillage de cet effort, d’autres rencontres seront organisées prochainement, notamment en Tunisie, pour approfondir la réflexion sur cette question.
Un forum se tiendra en septembre prochain en Côte d’Ivoire, qui sera axé sur les droits d’auteur dans les archives audiovisuelles, a rappelé le responsable ivoirien, qui a mis en avant l’importance de l’élément humain dans la chaine de sauvegarde du patrimoine audiovisuel.
Il a plaidé en ce sens en faveur de la mise en place d’une alliance regroupant les institutions et les bonnes volontés pour aller de l’avant dans la sauvegarde et la préservation des archives audiovisuelles.
Pour M. Khalid Belyazid, représentant de l’Unesco au Maghreb, les documents audiovisuels ont transformé notre vision du monde, regrettant que des archives aient été irrévocablement perdues, ce qui représente, à ses yeux, une perte inestimable de la mémoire collective.
En guise d’exemple, M. Belyazid a cité la situation dans plusieurs pays du continent africain et du Moyen Orient, où les conflits armés menacent quotidiennement les archives nationales des peuples de ces deux régions.
Il a en ce sens appelé à ériger la préservation et la sauvegarde du patrimoine en une priorité internationale, notant que les archives audiovisuelles sont une composante essentielle de l’histoire et de la mémoire collective des peuples.
La rencontre de Skhirate donne espoir en dépit des contraintes, d’ordres humain, technique et matériel, qui menacent cette sauvegarde d’ordre technique et matériel, a-t-il indiqué.
Pour sa part, Jean Louis Roy, historien et ancien secrétaire générale de l’agence intergouvernementale de la francophonie, s’est attardé sur les avancées technologiques ainsi que sur la révolution du numérique et les possibilités qu’elles offrent en matière de sauvegarde des archives audiovisuelles, notant que le passage à l’ère numérique a permis et doté chaque communauté humaine de tous les moyens de se faire reconnaitre.
Il a attiré l’attention à la nécessité d’œuvrer inlassablement pour éviter que mémoire collective de ne se perde pas, soulignant qu’un grand travail attend le continent africain dont une partie du patrimoine a été détruite ou transférée ailleurs.
Organisé par la HACA en partenariat avec le Réseau Francophone des Régulateurs des Médias (REFRAM) et la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle de Côte d’Ivoire, ce séminaire vise également l’échange d’expériences, de modèles, d’ingénieries de formations, avec, comme objectif ultime, celui de consolider davantage la sensibilisation, dans tous les pays représentés, des décideurs dépositaires ou en charge de la gestion et de la protection de ce pan crucial et précieux des mémoires collectives, tout particulièrement en Afrique.
Plus d’une soixantaine de décideurs et professionnels spécialisés des médias audiovisuels nationaux (secteurs public et privé) participent aux travaux de ce forum qui est la 1ère manifestation de célébration au Maroc du 27 octobre, journée mondiale dédiée aux archives audiovisuelles.
Les participants aborderont des thématiques liées notamment à l’”état des lieux et défis majeurs”, “politiques publiques, instruments et expériences de protection”, “systèmes, expertises et formations” ou encore “coopération et partenariats”.