Après plus de 22 ans à la tête de la Gambie, Yahya Jammeh part en exil

L’ex-président gambien Yahya Jammeh a quitté samedi soir Banjul pour l’exil après avoir cédé le pouvoir à Adama Barrow, mettant fin à six semaines de crise politique et déclenchant des manifestations de joie dans la capitale.
M. Jammeh, 51 ans dont plus de 22 à la tête du pays, a pris place à bord d’un jet privé, un Falcon 900 DX, qui a décollé peu avant 21H20 locales (et GMT) avec, à bord, le président guinéen Alpha Condé.
Ce dernier, selon des sources officielles guinéennes, devait l’accueillir au moins temporairement à Conakry.
Arborant ses habituels boubou et chapeau blancs, il a été salué à son départ par des dignitaires et une fanfare militaire, et acclamé des partisans regroupés sur le tarmac.
Son départ avait été précédé par celui d’un autre avion, d’une compagnie mauritanienne qui, selon des sources proches de la présidence guinéenne, transportait des proches et des collaborateurs l’accompagnant dans son exil.
Ce départ a été obtenu à l’issue d’une médiation conduite la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays dont la Guinée mais pas la Mauritanie).
D’après plusieurs sources officielles, Conakry n’est qu’une étape sur la route de l’exil de M. Jammeh.
Depuis vendredi, des sources politiques diverses avaient évoqué des offres d’asile en Guinée, au Maroc, en Mauritanie et en Guinée équatoriale.
Yahya Jammeh avait annoncé sa décision de quitter le pouvoir à la télévision dans la nuit de vendredi à samedi. “J’ai décidé aujourd’hui en conscience de quitter la direction de cette grande nation, avec une infinie gratitude envers tous les Gambiens”, a-t-il déclaré.
La crise en Gambie a éclaté le 9 décembre, lorsque Yahya Jammeh a refusé de reconnaître les résultats de l’élection présidentielle du 1er décembre, dont Adama Barrow a été déclaré vainqueur.
De multiples initiatives ont ensuite été prises pour le faire changer d’avis, notamment par la Cédéao, sans succès jusqu’à la médiation de vendredi.
La Cédéao a fait entrer jeudi après-midi des troupes de plusieurs de ses pays en territoire gambien. L’opération a été lancée peu après la prestation de serment d’Adama Barrow à l’ambassade gambienne à Dakar, où il est accueilli depuis le 15 janvier à la demande de la Cédéao.
L’intervention militaire a été ensuite suspendue pour donner des chances à la nouvelle médiation, qui a abouti au départ de M. Jammeh.