Après l’horreur, Bruxelles s’efforce de se relever

A la station métro Schuman, au pied de la Commission européenne, des militaires lourdement armés patrouillent. La station, d’habitude bouillonnante, semble avoir sombré dans un silence étrange, pesant, que seul le crissement des roues ferroviaires vient briser.
Le métro part dans le sens du centre historique de la ville. Station suivante : Maelbeek, là où l’un des terroristes, qui ont sévi lors des attentats du 22 mars dernier, s’est fait exploser, ôtant la vie à une dizaine d’innocents, blessant d’autres et laissant des stigmates de douleur indélébiles au fond de chaque Bruxellois, chaque être humain, peu importe ses convictions, ses origines, sa religion. Traversant la station, dont les quais ont été dissimulés derrière de gigantesques panneaux, visiblement pour cacher les traces de l’horreur de ce mardi noir, le métro ralentit comme pour s’incliner en hommage aux victimes. Dans les voitures du métro, la lourdeur de l’instant se lit sur les visages. Pas besoin de mots pour dire toute sa peine. Désormais, il va falloir vivre avec ça, chuchote-t-on.
Quelques stations après, des conversations interrompues reprennent progressivement, à l’image d’une ville qui panse ses blessures et se relève tout doucement.
Après une vingtaine de jours de fonctionnement partiel (de 7h à 19h), les lignes du métro-tram reprennent petit à petit leur activité normale, même s’il faut encore du temps pour que tout le réseau tourne à plein régime.
La Société des transports intercommunaux de Bruxelles (STIB) a annoncé que le réseau de métro de la capitale sera désormais exploité sur un créneau horaire élargi de 7h à 21h et desservira 51 stations sur 69.
‘C’est un premier pas important et nous attendons ( ) que ces mesures soient étendues pour une réouverture complète du métro, le plus rapidement possible”, s’est réjoui le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort.
Mais, outre les nouvelles exigences sécuritaires qui risquent de prendre du temps, la STIB fait face à un autre souci : plus de deux semaines après les attentats de Bruxelles, le personnel de la Société est toujours fortement choqué. 30 à 40 agents de la STIB sont encore dans l’incapacité de travailler pour motif psychologique. La cellule mise en place à cet effet a été très sollicitée : En une semaine à peine, près de 350 agents ont reçu une assistance psychologique.
Le tourisme est cet autre secteur durement touché par les attentats qui veut s’organiser pour mieux se relever. Déjà sérieusement frappé, en novembre dernier, au lendemain des attentats de Paris, le secteur touristique a fini par lancer un cri d’alarme.
Il faut dire qu’à la Grande place, attraction-phare de la ville qui donne en quelque sorte le pouls de l’activité touristique, les visiteurs étrangers se font désirer. L’association des hôtels de Bruxelles (BHA) parle d’une baisse de 50pc de fréquentation des établissements touristiques de la ville.
‘C’est une situation intenable. Nous n’avons pas d’autre choix que de tirer la sonnette d’alarme. On se dirige vers un désastre social, des faillites et des licenciements massifs”, s’alarme la BHA, qui réclame des mesures d’aide urgentes, comme l’extension à plus long terme de la possibilité de demander le chômage pour force majeure, la suppression de la taxe touristique et la facilitation sans condition du chômage classique.
Leurs yeux sont notamment rivés sur l’aéroport de Bruxelles Zaventem, qui a été la première cible des d’attentats-suicides qui ont fait 32 morts et plus de 300 blessés.
La reprise progressive des activités de l’aéroport est en cours depuis la semaine dernière, plusieurs compagnies aériennes ayant décidé de reprendre leurs vols.
‘Le retour de grandes compagnies aériennes internationales (…) démontre le maintien de leur confiance en Brussels Airport”, s’est réjoui Arnaud Feist, directeur général de l’aéroport, qui voit actuellement 225 vols décoller contre 350 en temps normal. Même cadence presque pour les arrivées.
Mais globalement, l’afflux des touristes ne sera vraisemblablement pas pour demain. Il faudrait encore donner du temps au temps pour que les campagnes destinés à redorer l’image de la ville portent leurs fruits.
Les moins pessimistes croient à un retour à la normale, plus rapide que prédisent certains. Ils voient dans les dernières opérations des forces de l’ordre, couronnées par la mise sous les verrous de suspects de premier rang, une bonne nouvelle dans cet amas d’actualité si sombre. En tout cas, il va falloir se relever, prendre le métro, sortir. Bref, vivre